Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

mercredi 30 mars 2005

A quoi servent les politiques ?



Regardez bien le graphique ci-dessus.

Bien.

Maintenant on fait les comptes. Suite aux législatives de 2002, voici la répartition en sièges des deux camps :

(1) Le camp du oui :
Les verts : 3 sièges
Le PS : 140 sièges
L'UDF : 29 sièges
L'UMP : 355 sièges
Total pour le camp du "oui" : 527 sièges sur 577, soit 91,3% !

(2) Le camp du non :
Le PCF : 21 sièges
Le MPF : 1 siège
Le RPF : 2 sièges
Le FN : 0 sièges
Total pour le camp du "non" : 24 sièges sur 577, soit 4,2% !

Le reste (divers droits, divers gauche, non inscrits ... ) : 26 sièges ...

Donc, je résume : nos députés, que nous avons élus en 2002, qui sont censés parler en notre nom, se sont déclarés pour le "oui" à 91,3% !

Et cependant dans le dernier sondage du jour, tout chaud, le "non" ressort à 53% et le "oui" à 47% !

Donc je pose la question, tout net : nos députés, qu'est-ce qu'ils foutent ?

Pour en savoir plus :
1. Référendum constitutionnel européen: 53% pour le non, selon l'Ifop (Yahoo news)
2. Les causes du "non" à la Constitution Européenne (Chez Luc)
3. Sondage "Le Parisien" : non à 51% ! (Chez Luc)

P.S. : En plus, faut dire que y en a un, dans le lot, qui fait super fort, c'est notre ami François Hollande !!!!

15 Comments:

Blogger Padraig said...

Luc, tu nous fait la démonstration que notre bon Président a souhaité s'offrir un plébiscite en nous soumettant une question "réglée d'avance", puisque tout le parlement était pour...

Ben, non, ça ne marche pas comme ça, Jacou. "Fallait pas y aller" (en Irak), et là, tu avais raison (pas forcément pour les bonnes raisons, mais passons), mais là "fallait pas y aller" non plus et tu y es allé quand même !

Comme tu le dis, Luc, on a élu des députés pour régler ces questions difficiles. Jacou aurait dû leur soumettre la chose, et on en parlerait plus... Comme en Allemagne...

Le pouvoir, ça rend aveugle. Elu avec 82 % de voix, Jacou pense qu'il est adulé, que tout le monde l'aime et que toute le peuple est derrière lui ! Il voulait encore ressentir le frisson d'un plébiscite ! On verra, mais ça risque d'être la douche froide pour lui !

mardi, 29 mars, 2005  
Blogger Padraig said...

Notre cher Président me fait décidément penser à ces footballeurs qui marquent contre leur camp...

En 1981, il fait élire Mitterrand en s'imposant dans la bataille contre Giscard, diluant ainsi les voix de droite.

En 1997, il met la Gauche à nouveau en selle en lançant une inutile dissolution d'une assemblée qui lui était favorable. Jospin n'en croyait pas ces yeux !

En 2005, il lance un référendum imbécile qui aura pour conséquence (...)

Et une boulette, et deux, et trois, comme on dit !

mercredi, 30 mars, 2005  
Blogger Luc said...

Hé hé ... je vois d'ici les Guignols de l'Info, nous resservant le sketch de Chirac après la dissolution : il copie des lignes sur un cahier, en se dictant à voix haute : "Quel con, quel con, mais quel con, quel con ! ..."

mercredi, 30 mars, 2005  
Blogger Jean Ruaud said...

Les députés ne sont pas toujours en phase avec l'opinion et c'est plutôt mieux comme ça. Ce qui serait embêtant pour la démocratie représentative c'est qu'ils ne soient jamais en phase avec elle. L'opinion est changeante, versatile, pas toujours bien inspirée, c'est aussi la loi de la plus grande gueule ou plutôt de la minorité la plus bruyante. Les députés ne sont pas toujours bien inspirés non plus, certes, mais ils sont là pour apporter de la stabilité et de la constance, c'est le principe d'une démocratie représentative. Les députés se présentent devant les électeurs tous les cinq ans si ces électeurs ne sont pas content des choix de leurs élus ils ne votent pas pour eux. En attendant pendant toute la durée de son mandat la chambre des députés est légitime.
Le référendum est un outil de démocratie directe introduit dans un système de démocratie représentative, son utilisation est délicate.

mercredi, 30 mars, 2005  
Blogger Luc said...

Bienvenue au zinc, Jean!

Je suis globalement d'accord avec tes remarques. Mon coup de gueule sur "à quoi sevrent les politiques ?", c'est que, sur cette campagne où ils devraient se mobiliser à 91,3%, François Hollande est pitoyable, le silence de Nicolas Sarkozy est assourdissant, il n'y a guère que François Bayrou qu'on entende un peu ..

Mais c'est vrai que la campagne ne fait que commencer ... attendons la suite !

mercredi, 30 mars, 2005  
Blogger Jack said...

Sans faire le malin si nous tentions de deviner les intentions de Chirac en soumettant ce texte au referendum, alors que rien ne l’y obligeait.
1- Pour s’offrir un plébiscite comme le suggère Patrick.
2- Pour prendre une retraite anticipée, à la manière de De Gaulle, parce qu’il est fatigué.
3- Pour obliger les Français à réfléchir sur l’Europe et à devenir plus européen…
4- Pour titiller ses 2 chambres qui lui sont favorables et en profitent pour roupiller
5- Parce qu’il s’emmerde à l’Elysée.
6- Pour saborder l’Europe et se réconcilier avec Bush.
7- Pour montrer que les Français votent comme des pieds…

A la fin je sèche, si quelqu’un a de meilleures idées.

jeudi, 31 mars, 2005  
Blogger Jean Ruaud said...

Je crois qu'il y avait deux idées chez Chirac, en plus de céder à la pression générale, pour un référendum:
a) diviser la gauche et le PS
b) profiter d'un plébiscite éventuel
Miterrand doit bien rigoler dans sa tombe!
Maintenant c'est surtout la ligne réformiste Hollande qui soufrirait d'une victoire du "non" (ceci dit Fabius ne pourra jamais être un rival crédible ni pour Chirac, ni pour Sarko, vous ne croyez pas?)
et si le "non" l'emporte adieu le plébiscite (c'est pour ça que l'on dit en ce moment "mais non c'est pas un plébiscite", on n'est jamais trop prudent!)
Le problème de ce référendum est, j'en ai bien peur, que les électeurs ne répondent pas à la question posée, mais à une autre qui ne leur est pas posée ("êtes-vous pour la continuation de la politique actuelle?" par exemple) c'est toujours le grand risque des référendums, regardez De Gaulle en 69: une question obscure sur le Sénat en vue de se faire plébisciter et Giscard qui trahit avec son fameux "oui mais"... qui n'à rien à voir avec la question.

Bon et pour répondre à Luc: je suis d'accord avec toi, les partisans du oui ne font pas campagne, c'est lamentable (peut-être parce qu'ils ne pensaient pas avoir à la faire, tellement le oui était sensé gagner facilement!).

Merci de m'accepter au zinc!:o)

jeudi, 31 mars, 2005  
Blogger Jack said...

Je viens de regarder Sarkozy, à la TV, il est convaincant, mais il reste que répondre par oui ou par non à une question de 485 pages, même si quelques-unes d’entre elles n’ont pas de réel contenu, est un procédé foncièrement malhonnête.
Procédé que devrait sanctionner un très grand nombre d’abstention.
La dimension de ce texte rend impossible tout débat permettant d’aboutir en toute intelligence à une réponse aussi simple que, oui ou non.
Ce référendum est vraiment une insulte à la République et aux citoyens.
J’en viens à me demander si ce n’est pas un des premiers effets pervers du quinquennat avec synchronisation des élections législatives et présidentielles.
Le Président ayant besoin d’élections, pour relancer la vie politique qui ronronne.
A la place des débats TV sur le oui ou non, ils pourraient organiser des batailles de boulettes de pages de la constitution, c’est peut-être ainsi que va se terminer cette campagne faute d’arguments décisifs et tangibles….

vendredi, 01 avril, 2005  
Blogger Luc said...

Je pense que, le jour où on se marie, on répond par oui ou par non à une question qui fait plus que 485 pages, beaucoup, beaucoup plus !

Comparaison non pertinente ? Peut-être ...

Alors donc, la constitution et l'avenir de la France dans l'Europe, c'est un truc trop sérieux pour le confier au peuple ?

Si la réponse au référendum, c'est finalement "non", je concèderai que :
(1) Tu avais raison.
(2) Quand ils veulent, les Français sont aussi cons que les 51% d'Américains qui ont réélu Bush.

Mais je reste un rêveur indécrottable, et je pense que le peuple de France votera finalement "oui".

vendredi, 01 avril, 2005  
Blogger Padraig said...

La démocratie directe, c'est bon pour des questions locales du style "souhaitez vous que la Mairie du Canton ouvre ses portes le samedi au lieu du jeudi". Pour les autres questions, on a mis au point au fil des ans des systèmes de représentation et de chambres (on en a même deux en France). Nos députés, que nous avons élu sur un programme ou au moins une orientation (et Sénateurs), sont là pour décider sur les grands sujets et légiférer.

En Suisse, ils font un bon usage des référendums. Nous, on a rien compris...

Quand on pousse le système dans ses limites, on voit bien l'imbécillité d'un référendum sur un tel sujet : je trouve très bien que les Français indiens de la forêt Guyannaise élisent un député pour défendre leurs intérêts. Mais quel sens cela a-t-il de leur demander directement de se prononcer pour ou contre un Traité de Constitution Européenne ? ? ?

Sur le "NON" : je pense qu'à la suite des derniers sondages, il va y avoir de plus en plus de "légitimistes" enclins à voter OUI" qui vont prendre conscience qu'ils peuvent voter "NON". Je suis persuadé que les sondages influent sur les votes au moins autant que les discours des politiques... Il y a beaucoup de gens qui préfèrent voter pour ceux qui vont gagner... Ca va faire du dégât !

vendredi, 01 avril, 2005  
Blogger Jack said...

Pour le jour du mariage, tu as raison Luc, on réponds oui à une question dont on ne mesure absolument pas l'étendue...
Et c'est grâce à la force de ces expériences qu'on connait le piège des questions fermés.
Continue d'espérer Luc, moi je continue d'y réfléchir.
C'est fait aussi pour cela les éléctions?

vendredi, 01 avril, 2005  
Blogger Luc said...

Jack, ça fait plusieurs fois que tu reviens sur le thème "c'est une question trop compliquée","les politiques sont payés pour décider à notre place","485 pages, personne y comprend rien".

Alors, juste une remarque :

(1) Le 20 février 2005, le peuple espagnol a voté par référendum sur strictement le même texte (en espagnol) et a répondu "oui" à 76,7 % (avec, il est vrai, une participation plutôt faible de 42,3%).

(2) Le 29 mai 2005, on va poser la même question aux Français.

(3) Le 1er juin 2005, référendum aux Pays Bas.

(4) Le 10 juillet 2005, référendum au Luxembourg.

(5) Le 27 septembre 2005, référendum au Danemark.

(6) En octobre 2005, référendum au Portugal.

(7) Fin 2005, référendum en Pologne.

Alors, qu'on se comprenne bien : Y a qu'en France qu'on considère que c'est une question trop compliquée, et qu'en plus c'est un piège du gouvernement en place ?

Alors, dis-moi, nous qui sommes à l'origine de la construction Européenne, on est donc descendu si bas que ça ?

Pour en savoir plus :
1. Observatoire des Elections en Europe

samedi, 02 avril, 2005  
Blogger Padraig said...

Que de référendums ! Tu veux mon pronostic ? Voici :

France NON
Pays-Bas OUI mais tout juste
Danemark NON
Portugal OUI
Pologne OUI

Au fait, qu'est-ce qu'on gagne, si on a le Quinté dans l'ordre ?

samedi, 02 avril, 2005  
Blogger Padraig said...

Au fait, je m'interroge tout à coup... Ce projet de Constitution a-t-il été approuvé par les députés Européens ? Si oui, alors c'est réglé et qu'est-ce qu'on nous embête avec ça ? Si non, alors y'a un problème : ils servent à quoi, nos députés Européens ?

jeudi, 07 avril, 2005  
Blogger Padraig said...

Je viens de voir les premières affiches du PCF prônant le NON : "NON à la Constitution de Giscard" !

samedi, 09 avril, 2005  

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