Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

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dimanche 7 janvier 2007

La gravitude de Ségolène Royal

Ségolène Royal en Chine

Comme François Mitterrand était allé en Chine en février 1981, juste avant sa victoire historique de mai 1981, Mademoiselle Royal s'est dit que ce serait de bonne augure d'y aller faire un tour aussi. Et puis en fait, elle n'avait pas trop le choix, un voyage à Washington n'étant pas vraiment envisageable vu que la candidate démocrate présidentielle pour 2008, Hillary Clinton, refuse de la rencontrer. Convenez-en, ça aurait fait désordre.

Remarquez, en Chine, c'est pas vraiment mieux : le président Hu Jintao a refusé de la recevoir. Il faut reconnaître que c'est un peu normal. Rappelons que, lors de la visite officielle en France du président Hu Jintao en 2004, elle avait boycotté sa visite à l'Assemblée nationale pour protester contre le non-respect des droits de l'homme en Chine. Comme ce sujet n'a pas vraiment évolué depuis trois ans, il a dû se dire que ce n'était pas la peine de la recevoir, même si elle a déclaré qu'elle ne venait pas à Pékin « en donneuse de leçons ». C'est vrai que les leçons de Marie-Ségolène, le président de la Chine peut survivre sans ça.

Et puis rappelons aussi qu'elle ne vient pas en Chine à l'invitation du gouvernement chinois, mais à l'invitation du Parti communiste chinois. Nuance ...

Donc, comme le gouvernement n'a pas vraiment envie de la voir, elle fait du tourisme aux frais du militant socialiste de base.

En visite touristique sur la Grande Muraille avant d'aller arpenter la Cité Interdite, elle a pensé que ce serait bien de sortir une phrase définitive, vous savez, genre Napoléon qui déclare : « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ». Un truc qui marque, quoi, dont on va se souvenir après ... Alors, elle s'est bien creusé la tête, et voici ce qu'elle a trouvé (accrochez-vous, ça va faire mal !) :

« Comme le disent les Chinois, qui n'est pas venu à la Grande muraille n'est pas un brave. Mais qui vient acquiert la bravitude. »

Hein ? Je vous avais prévenus : c'est du lourd !

Dans sa volonté de branchitude, Mademoiselle Royal a donc préféré parler de bravitude au lieu de bravoure, et la gravitude de cette déclaration ne nous laisse présager rien de bon sur la couragitude de son action si d'aventure elle est élue à la présidencitude de la République Française ...

Pour en savoir plus :
1. Ségolène Royal ne rencontrera pas Hu Jintao à Pékin (La Tribune)
2. Ségolène Royal, une "madone" sur la Muraille (L'Express)
3. En Chine, Royal ne veut pas "donner de leçons" (Le Figaro)

Crédit photo : J. Naegelen

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13 Comments:

Blogger FrançoisFrançois said...

Pourriez–vous reécrire cette phrase de la part de S. Royale d'une autre manière afin que je puisse la comprendre?

dimanche, 07 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

@ FrançoisFrançois : Avec plaisir. Voici ce qu'elle a dit, traduit en bon français :

« Comme le disent les Chinois, qui n'est pas venu à la Grande muraille n'est pas un brave. Mais qui vient acquiert la bravoure. »

dimanche, 07 janvier, 2007  
Blogger Jack said...

Et oui, çà c’est la fabuleuse capacité d’adaptation de Ségolène, au bout de 2 jours en Chine elle a déjà oublié son français.

Pas de doute, sa "creusitude" commence à se voir...

dimanche, 07 janvier, 2007  
Blogger Padraig said...

La présidenticiabilitude de Ségolène ne semble guère s'améliorer au fil de ses voyages au long cours...

Mais qu'importe, elle sera élue !

Sur un ton plus sérieux, j'ai compris avec notre vénéré Président en exercice que nous votions pour un candidat, mais que la personne qui était ainsi intrônisée devait alors troquer la casquette de "candidat" pour celle de "leader" de pays - on pourrait presque dire "roi" du pays tellement la fonction a des relents de monarchie élective. Or ce sont deux choses fort différentes. Certains peuvent réunir les qualités de bon candidat ET de bon leader. Mais si la première qualité (bon candidat) est indispensable pour accéder à la fonction, ça ne préjuge en rien des qualités du leader qu'il devient...

Par exemple, on s'accorde à considérer Chirac comme un "candidat" de grand talent, capable de tactiques et de statégies gagnantes pour accéder au pouvoir (allant jusqu'à faire voter pour son rival - manoeuvre brillante dans le grand style billard à trois bandes !). Mais une fois en place, la mutation candidat / leader est une grande déception. Le grand candidat a acouché d'un piètre leader.

Donc, pour le cas qui nous occupe, je trouve qu'on devrait s'interroger, au delà des bourdes, petites phrases et manoeuvres électorales, sur la seule question qui compte : qui ferait le meilleur "leader" ?

On serait donc mieux inspiré d'interroger les réalisations des candidats : bilan de Ségo en tant que Présidente de Région, Ministre de l'Environnement, Ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, Ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance. Bilan de Sarko dans ses ministères de l'Intérieur, du Budget et de l'Economie et en tant que Maire.

Sur ce genre de critères, il me semble que Ségo ne brille pas au firmament des réalisations mémorables...

@Jack : Excellent, la "creusitude" !

lundi, 08 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

On peut noter que, alors que Ségo doit se contenter de visiter la Cité Interdite (ce qui a l'air de l'émerveiller, d'ailleurs), Nicolas Sarkozy, lui, avait été reçu en audience par le président Hu Jintao en janvier 2004. Et on se rappelle de la question qu'il lui avait posée : "Quel effet ça fait d'être numéro 1, après avoir été pendant dix ans numéro 2 ?". Ce a quoi Hu Jintao avait répondu "Le poids des responsabilités est plus lourd sur les épaules."

Ca vous a quand même une autre gueule que la bravitude sur la muraille, quand même ...

Enfin, je trouve.

lundi, 08 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

A New York, la "bravitude" de Mademoiselle Royal leur évoque qui ?

Je vous le donne en mille :

"Royal delivered the offending remark while visiting the Great Wall.

"As the Chinese say, one who has not come to the Great Wall is not a brave one. One who goes to the Great Wall conquers braveness (bravitude)," Royal said, instead of the correct "One who goes to the Great Wall has bravura."

(...)

The episode recalled the semantic adventures of U.S. President George W. Bush. Among his string of verbal gaffes, Bush has coined words like "misunderestimate" and "Hispanically."
"


Eh bien, on est bien barré, les mecs !

lundi, 08 janvier, 2007  
Blogger Philippe.Piriac said...

Luc
Tu n'es pas sans déviner que j'ai largement autant de sympathie pour Ségolène que pour notre futur
éventuel empereur national, tant je suis persuadé que les faits ramènent les uns et les autres à la meme dure réalité et que donc, a la fin ca donnera la meme chose , le blocage en moins.

Mais bon, si tu commences à comparer,ne serait ce que par analogie, Ségolène à Bush ou va t on? C'est l'escalade de la violence
J'étais persuadé que dans le bas,les alcools forts n'étaient pas servis.
On va finr à l'absynthe à ce tarif là . et on est seulement en janvier...
Attention à la toomuchitude

lundi, 08 janvier, 2007  
Blogger Jack said...

Oui, tiens restons modérés : j’ai 2 questions au sujet de ce voyage.
Que fait Ségolène en Chine (en dehors du tourisme basique et standard).
Quel bénéfice compte-t-elle en tirer en temps que candidate ?
Je crains que les Français soient moyennement intéressés par la Chine lorsqu’il s’agit d’élire le président français : la relation ne saute pas aux yeux !
A moins que ce ne soit pour compter les emplois perdus en France, mais pour cela pas besoin d’aller en Chine : n’a qu’a demander aux entreprises françaises (les celles qu’on appelle citoyennes) qui délocalisent.
J’y suis : c’est pour faire signer le pacte à Nicolas le Hulot aux dirigeants chinois ... voilà qui serait fort !

Patrick : compliments pour ton nouveau look breton.

mardi, 09 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

@ Philippe : Euh ... tu as peut-être lu un peu rapidement mon précédent commentaire, mais ce n'est pas moi qui compare Miss Royal à Bush. Je ne fais que citer un article de l'Associated Press paru dans l'International Herald Tribune ... Et je considère effectivement que si, à l'étranger, c'est l'image qu'elle commence à donner, on est mal barré les mecs.

Alors, elle est où, la toomuchitude dans ce que j'ai écrit dans ce commentaire ?

mardi, 09 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

Je cite le Canard Enchaîné de cette semaine : « Avisant un proverbe imprimé sur les tee-shirts vendus aux touristes, elle l'a resservi illico aux journalistes émerveillés : "Qui n'est pas venu à la Grande muraille n'est pas un brave", ajoutant cette maxime inspirée : "... et n'acquiert pas la bravitude." »

Donc, la fameuse phrase, elle l'avait simplement lue sur un tee shirt 5 minutes avant ...

La vastitude de la pensée Royal laisse sans voix ...

samedi, 13 janvier, 2007  
Blogger ks said...

Bonjour à tous,

Je suis tombé sur cet article par hazard et je tiens à faire part de mon point de vue sur cette fameuse critique de Ségolène Royale sur la "BRAVITUDE".

Je ne suis ni militant du PS ni sympathiosant de ses idées, mais je suis quelqu'un qui se rend deux fois par ans en CHINE.

le mot BRAVITUDE est bel et bien réel. C'est le therme employé par les Chinois Mandingue. En mandingue il existe deux mot pour exprimier la bravoure "Su-chen" (Bravoure = courage lié au comportement d'un individu) et "Su-Huan" (Bravitude = Courage transmis par une force extérieur ou un invénement precis).

Madame Royal n'a absolument pas fait une faute de français, elle a du simplement ECOUTER ses interlocuteurs et utiliser ce mot.

Le proçès qui lui est fait est absurde et prouve une nouvelle fois que les médias sont incompétent et incultes.

samedi, 20 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

@ Kristof : Merci de cette précision qui éclaire la visite de Mademoiselle Royal en Chine.

Je ne suis pas autrement surpris qu'il existe en mandarin deux mots pour désigner la bravoure, vu qu'en Japonais il existe plus de deux cent mots pour désigner la femme, et en Inuit plus de 80 mots pour désigner la neige.

Mais le problème n'est pas là. C'est simplement que "bravitude" n'existe pas dans la langue française, et que donc il ne veut strictement rien dire.

Voilà pourquoi il est inconstestable que Mademoiselle Royal a fait une faute de français.

Si un jour elle rend visite aux Inuits et se met à parler de "neigitude", de "neigement", de "neigeage", et autre "neigeation", elle parlera peut-être un Inuit impeccable, mais elle sera initelligible en français.

dimanche, 21 janvier, 2007  
Blogger Jack said...

Ce commentaire là, j'aurais aimé l'écrire aussi, Luc, tant pis...

dimanche, 21 janvier, 2007  

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