Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

lundi 7 décembre 2009

Notre génération face au jugement de l’histoire


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Aujourd'hui, c'est l'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique COP15 à Copenhague.

Et aujourd’hui, 56 journaux dans 44 pays font un geste sans précédent : parler d’une seule voix par le biais d’un éditorial commun.



Nous le faisons parce que l’humanité se trouve confrontée à une situation d’extrême urgence.

A moins d’unir nos efforts pour prendre des mesures décisives, le changement climatique va ravager notre planète et, ce faisant, perturber fortement notre prospérité et notre sécurité. Les dangers sont devenus tangibles en une génération. Maintenant, les faits commencent à parler : sur les quatorze dernières années, onze ont été les plus chaudes jamais enregistrées, la calotte glaciaire de l’Arctique est en train de fondre et, l’an dernier, la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires a donné un avant-goût des terribles bouleversements à venir. Dans les revues scientifiques, la question n’est plus de savoir si l’homme en est le grand responsable, mais combien de temps il lui reste pour limiter les dégâts. Cependant, à ce jour, le monde a réagi avec mollesse et sans enthousiasme.

Le changement climatique résulte d’une action sur plusieurs siècles, il aura des conséquences qui dureront pour toujours, et nos chances de le maîtriser vont être déterminées dans les quatorze jours qui viennent. Nous demandons aux représentants des 192 pays réunis à Copenhague de ne pas hésiter, de ne pas se lancer dans des discussions, de ne pas se faire de reproches mutuels, mais de saisir la chance d’échapper au plus grand échec politique de l’époque moderne. Cela ne devrait pas être une lutte entre le monde riche et le monde pauvre, ou entre l’Est et l’Ouest. Le changement climatique nous concerne tous et doit être résolu par tous.

La science est complexe, mais les faits sont clairs. Le monde a besoin de prendre des décisions pour limiter les hausses de température à 2 °C, un objectif qui exigera que les émissions de la planète culminent et commencent à diminuer dans les cinq à dix prochaines années. Une hausse plus importante de 3 à 4 °C - la progression la plus faible que nous puissions espérer en cas d’inaction - dessécherait des continents, transformant la terre cultivable en désert. La moitié de toutes les espèces serait vouée à l’extinction, des millions et des millions de personnes seraient déplacées et des peuples entiers seraient submergés par la mer.

Date butoir. Peu de gens croient que Copenhague soit en mesure d’aboutir à un traité totalement finalisé ; les véritables progrès en ce sens n’ont pu commencer qu’avec l’arrivée du président Obama à la Maison Blanche et le renversement de tendance après des années d’obstruction de la part des Etats Unis. Aujourd’hui encore, le monde se trouve à la merci de la politique intérieure américaine, car le Président ne peut pas totalement s’engager dans l’action nécessaire tant que le Congrès américain ne l’a pas fait.

Mais les responsables politiques présents à Copenhague peuvent et doivent s’entendre sur les éléments essentiels d’un accord juste et efficace et, ce qui est d’une importance capitale, sur un calendrier solide devant aboutir à un traité. La réunion de l’ONU sur le climat à Bonn, en juin prochain, devrait être une date butoir. Comme l’a exprimé un négociateur : «Nous pouvons jouer les prolongations, mais nous ne pourrons pas nous permettre de rejouer le match.»

Au cœur des négociations, il faudra trouver un accord entre le monde riche et le monde en développement pour établir comment répartir le poids de la lutte contre le changement climatique, et comment partager une ressource devenue précieuse : les quelques milliards de tonnes de carbone que nous pouvons émettre avant que le mercure n’atteigne des niveaux dangereux.

Les nations riches aiment souligner la vérité arithmétique qu’il n’y a pas de solution tant que les géants en développement tels que la Chine ne prendront pas de mesures plus radicales. Mais le monde riche est responsable de la plupart du carbone accumulé dans l’atmosphère, à savoir les trois quarts de tout le dioxyde de carbone émis depuis 1850. C’est à lui de montrer l’exemple et chaque pays développé doit s’engager à de fortes réductions pour que ses émissions retombent en dix ans à un niveau très inférieur à ce qu’elles étaient en 1990.

Justice sociale. Les pays en développement peuvent faire remarquer qu’ils ne sont pas responsables de la majeure partie du problème et aussi que les régions les plus pauvres du monde seront les plus difficiles à sensibiliser. Mais ils vont participer de plus en plus au réchauffement et doivent de ce fait s’engager de leur côté à une action significative et quantifiable. Bien que les deux plus grands pollueurs du monde, les Etats-Unis et la Chine, n’aient pas répondu aux espoirs que certains avaient placés en eux, leurs récents engagements sur des objectifs concernant les émissions ont représenté des pas importants dans la bonne direction.

La justice sociale exige que le monde industrialisé racle ses fonds de poche et promette des liquidités pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter au changement climatique et aux technologies propres qui leur permettront de développer leur économie sans augmenter leurs émissions. Il faut également définir l’architecture d’un futur traité, avec un contrôle multilatéral rigoureux, des compensations correctes pour protéger les forêts et une évaluation crédible des «émissions exportées», afin que le poids soit finalement réparti plus équitablement entre ceux qui produisent des produits polluants et ceux qui les consomment. Et l’honnêteté exige que la charge placée individuellement sur les pays développés prenne en compte leur capacité à la supporter ; par exemple, les derniers entrants dans l’Union européenne, souvent plus pauvres que les membres de la «vieille Europe», ne doivent pas souffrir davantage que leurs partenaires plus riches.

Espoirs. La transformation va coûter cher, mais beaucoup moins que la note à payer pour renflouer les finances mondiales. Et beaucoup moins encore que les conséquences du laisser-faire. Beaucoup d’entre nous, en particulier dans le monde développé, devront changer leur mode de vie. L’époque des vols pour l’aéroport moins chers qu’un trajet en taxi touche à sa fin. Nous devrons faire nos courses, manger et voyager plus intelligemment. Nous devrons payer davantage pour notre énergie et en utiliser moins.

Mais le passage à une société à faible émission de carbone porte en elle la perspective de plus d’espoirs que de sacrifices. Déjà, certains pays ont reconnu que cette transformation peut apporter la croissance, des emplois et une meilleure qualité de vie. L’afflux de capitaux parle de lui-même : l’année dernière, pour la première fois, il a été investi davantage dans les formes d’énergie renouvelable que dans la production d’électricité à partir des carburants fossiles. Chasser le carbone de nos modes de vie en quelques petites décennies sera, sur le plan de la technique et de l’innovation, comparable aux grandes révolutions de l’histoire. Mais, tandis que le fait d’envoyer un homme sur la Lune ou de fissurer l’atome résulte des conflits et des rivalités humaines, la future course au carbone doit être menée en un effort commun pour parvenir à un sauvetage collectif.

Vaincre le changement climatique passera par une victoire de l’optimisme sur le pessimisme, d’une vision de l’avenir sur une vue à court terme, ce qu’Abraham Lincoln appelait «les meilleurs anges de notre nature».

C’est dans cet esprit que 56 journaux du monde entier se rassemblent derrière cet éditorial. Si nous, avec nos optiques nationales et politiques si différentes, pouvons nous mettre d’accord sur ce qui doit être fait, nos dirigeants devraient pouvoir en faire autant.

Les représentants politiques à Copenhague ont le pouvoir de façonner le jugement de l’histoire sur notre génération : celle qui a vu le défi et l’a relevé, ou celle qui était si stupide qu’elle a vu la calamité qui s’annonçait mais n’a rien fait pour l’éviter. Nous les conjurons de faire le bon choix.


Traduit de l’anglais par Edith Ochs.

Pour en savoir plus :
1. 'Fourteen days to seal history's judgment on this generation' (The Guardian)
2. Liste des 56 journaux dans 44 pays (The Guardian)
3. World leaders apologise for climate failure in Copenhagen airport ads (Greenpeace)
4. Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique COP15 Copenhague (site officiel)

Crédit vidéo : Cop15

7 Comments:

Blogger Padraig said...

Ah, oui. Maintenant je comprend parfaitement l'expression "pensée unique" !

mardi, 08 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Joli film aux accents bibliques.

Dommage que Charlon Heston soit mort récemment, il aurait pu nous la faire à-la Moïse, en bravant les flots déchainés et les cieux furieux pour faire traverser l'humanité vers des rivages moins hostiles...

Mais je préfère encore la version Bible, le scénario est plus riche. Par exemple, parmi les dix plaies d'Egypte, il y avait aussi les sauterelles, les ulcères, ou encore les grenouilles... Là, un vulgaire réchauffement, ça manque un peu d'imagination !

mardi, 08 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Le film montre clairement comment certains sont en train d'instrumentaliser nos enfants en leur inculquant une terreur au point de leur donner des cauchemards, en espérant que cette terreur va influer sur la génération des parents.

Les enfants sont évidemment des cibles faciles, incapables de mettre en doute les balivernes qu'on leur raconte.

C'est un procédé ôdieux.

mardi, 08 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

On notera que parmi les 56 journaux, pour la France, il n'y a que "Le Monde" et "Libération". Finalement, c'est pas une pensée si unique que ça...

mardi, 08 décembre, 2009  
Blogger Jack said...

En pratique, j'ai fait le plein de fuel ce matin et j'en profite pour vous communiquer l'évolution du prix au litre depuis 1997, celui que j'ai payé.
Beaucoup de mots et peu de changements...

mardi, 08 décembre, 2009  
Blogger Jack said...

Pour ceux qui ne sont pas très bon en calcul : sur 12 ans le plein de gasoil a pris un facteur 1.5, soit l'équivalent de 3.5% d'augmentation par an. ça ne donne pas vraiment envie d'investir dans le DD. Mais il y a ceux qui ont la foi et réduise leur empreinte carbone comme on décide de partir en pélerinage pour Saint Jacques de Compostel : il y en a.

mercredi, 09 décembre, 2009  
Blogger Padraig said...

Jack, le prix de ton plein de fuel n'a guère augmenté en dix ans ?

Pour faire monter le prix du baril, les producteurs et spéculateurs et compagnies pétrolières ont tout intérêt à agiter l'épouvantail de la pénurie prochaine. C'est ce qui a conduit à la flambée spéculative récente où on imaginait un baril à 200 €. S'il est clair que les ressources finiront par s'épuiser, on en est sans doute très loin. On dit que les nouveaux gisements sont plus coûteux à exploiter. C'est vrai aujourd'hui, et sans doute faux demain lorsqu'on aura développé et mis en place les techniques ad-hoc. Ce petit jeu de prédire la pénurie prochaine a toutefois une limite, puisque ça finit par détourner le marché du pétrole, au grand dam des Total et autres Shell ou Exxon... Et le prix retombe à son "juste niveau"...

A ce propos, je vois avec certains doutes l'engouement de Renault pour la voiture électrique. J'ai vu les énormes batteries au Lithium que ça implique : Carlos Ghosn parle de voiture à émission zéro, mais je me demande quel va être l'impact écologique de la fabrication de ces millions d'énormes batteries... Pas de CO², peut-être (tout du moins au sortir du pot d'échappement - vu qu'il n'y en aura plus), mais bonjour les dégats dans les usines de batteries, et au sortir des cheminées des centrales thermiques pour ceux qui ne carburent pas au nucléaire (exemple : allemagne) !

Notez bien, les usines de batteries, on peut évidemment les mettre dans les pays pauvres, comme ça, ça polluera ailleurs que chez nous...

Va sans dire, les batteries Renault seront différentes des batteries PSA, et différentes aussi de celles de la BlueCar... Sympa !

lundi, 14 décembre, 2009  

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