Il y a 60 ans, fermeture des maisons closes
Le 13 avril 1946, la loi Marthe Richard abolissait en France le bordel légal, encadré par la police et soumis aux contrôles sanitaires. Un an auparavant, 1 500 maisons closes étaient encore répertoriées en France dont 177 à Paris. La loi Marthe Richard, qui porte le nom de l'égérie de cette campagne anti-bordel, conseillère de Paris, les interdit toutes sous six mois.
Elle met fin à un système datant de 1804 qui donnait une existence légale aux maisons de débauche, cachant les prostituées derrière des portes closes pour préserver la morale, à l'ère de la bourgeoisie triomphante.
Certaines maisons closes étaient de véritables assommoirs du sexe comme le Moulin Galant à Paris, ou encore le Panier fleuri, où les passes étaient minutées et fixées à 70 par jour au minimum, sans hygiène et sans intimité. Il y avait aussi des claques de seconde catégorie comme la Maison Tellier et ses clients notables et ecclésiastiques et enfin des établissements de luxe, le Chabanais ou le One Two Two, où filles et consommateurs étaient triés sur le volet.
Alors, évidemment, la prostitution est une activité que la morale réprouve, mais il semble qu'on ne puisse pas supprimer comme ça le plus vieux métier du monde. Même la loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy qui est entrée en vigueur en 2003, rétablissant le délit de racolage public "actif" et "passif" n'empêche pas la prostitution sur les boulevards, simplement ça se passe dans des conditons encore plus dangereuses et encore moins contrôlées.
Si, enfin, on considérait qu'on n'arrivera jamais à éradiquer cette activité coupable, que c'est un mal nécessaire et qu'il vaut mieux légaliser ça sous contrôle sanitaire et dans de bonnes conditions plutôt que de l'interdire ? C'est sans doute ce qu'a dû penser Françoise de Panafieu quand elle a relancé le débat en 2002. Mais ça a provoqué un tollé, et l'incapacité de nos politiques de regarder la réalité en face ne fait qu'enfoncer ces pauvres filles dans une hypocrysie encore plus dramatique.
Oui, bon, je sais, c'est un sujet super tabou et propice à tous les dérapages.
Mais je me demande parfois si on a bien fait de les fermer il y a 60 ans, ces fameuses maisons closes ...
Pour en savoir plus :
1. Il y a 60 ans, la fermeture des maisons closes (Le Monde)
2. Une fermeture qui fit du bruit (La Dernière Heure)
3. The Brothels of Old Paris (thetoffeewomble)
4. French want their brothels back (iafrica.com)
Crédit photo : Long Island Staylace Association
7 Comments:
Une analyse infâmante de la situation sous un angle "marketing": s'il y a prostitution, sous la forme de maisons closes entre autres, c'est d'abord et avant tout, parce qu'il y a de la demande, non? Il y a eu création d'offre pour satisfaire un besoin, celui du consommateur. N'est-ce pas, messieurs?!?
Audrey :
Cette question en tire une autre pourquoi y a-t-il des clients ?
Pour la ré ouverture.
Et pour la criminalisation du proxénétisme en "esclavage".
Luc, je trouve que l'image que tu nous a mis fait davantage "maison de poupée" que "bordel". Tu ne pourrais pas nous mettre quelque chose de plus évocateur ? ;-)
@ Patrick : évidemment, qu'il y a une image plus évocatrice. Mais elle était cachée : c'est une récompense réservée aux curieux. Clique sur le lien N° 3 ...
Oui, évidemment, les glaces, ça fait moins "maison de poupées". Mais ce n'est pas encore à proprement parler très "hard", cette image...
@ Patrick : Non mais, euh ... je tiens un bistrot fréquentable, moi, monsieur. On y reçoit des dames, je te signale ! :-)
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