Les blancs et les rouges...
Dans notre belle Provence au sud de la Durance on est resté très attaché aux traditions. C’est ainsi que dans le moindre village, on trouve des arènes où peuvent se produire les razoteurs de toutes sortes.
On y vient regarder de jeunes « sauteurs » qui s’amusent à arracher quelques fils de laines fixés entre les cornes des taureaux camarguais, comme le faisaient leur ancêtres crétois, il y a de cela deux millénaires au moins...
D’autres traditions plus récentes perdurent et déplacent toujours une foule nombreuse, il s’agit des « Charrettes ».
En deux mots, les villages autrefois se mesuraient entre eux en alignant un nombre impressionnant de chevaux tirant une charrette fleurie ou garnie de feuillages, à l’occasion des fêtes votives. En ce temps là, la force motrice d’un village se comptait déjà en chevaux, mais il ne s’agissait pas de chevaux vapeurs, mais de vrais canassons durs au labeur, tirant carrioles et charrues. De nos jours, il est toujours à la mode de comparer le nombre de chevaux, mais il s’agit de ceux qui sont sous le capot, plus il y en a et plus le propriétaire se sent fort et important, mais cela nous éloigne du sujet de ce billet.
Donc chaque village a sa charrette et plus il y a de chevaux et plus la fête est belle. J’étais dimanche à celle de Châteaurenard, chef lieu de canton et qui a ce titre doit battre des records : pas moins de 73 chevaux tiraient une superbe charrette toute couverte de glaïeuls rouges.
Notez au passage que ce chef lieu est naturellement pourvue d’une arène, ayant le privilège de donner de vraies corridas avec mise à mort : privilège de capitale locale, tout comme son ainée Arles, mais voilà que je digresse encore.
Ces charrettes ont le mérite de maintenir l’élevage de magnifiques chevaux de trait qui sans cette tradition ne seraient point. Je digresse encore mais ces chevaux nous seront fort utiles pour repeupler nos campagnes lorsque nous aurons fini le pétrole...
Ce dont je souhaitais vous parler, en fait, c'est de la fracture qui divise toujours la Provence en deux : des blancs et des rouges, division qui règne aussi sur les charrettes, puisque vous avez la aussi la rouge et la blanche.
Remarquez la couleur des bérets, une carriole de musiciens nous jouaient le "temps des cerises" et "l’internationale", deux charrettes de gamins portant bonnets phrygiens et bérets rouges, je n’ai pas vu de charriot exhibant la « veuve » mais je n’en aurais pas été étonné.
Dans presque tous les villages subsiste à la fois l’école confessionnelle et l’école de la République.
Ici la paix entre la République et les royalistes n’est qu’une vague trêve.
Les familles appartiennent soit à un camp soit à l’autre et tels les Horaces et les Curiaces, s’opposent dans conseils municipaux et autres associations, quant ils ne forment pas deux associations distinctes, car la cohabitation est impossible.
Bref ce que j’aime énormément chez les provençaux est qu’ils exagèrent, ils en font des tonnes, même qu’il y a des jours... ils me fatiguent.
Patrick, tu vois il n’y a pas que les scouts qui sont divisés, ici non plus on en a pas terminé avec les guerres de religion.
1 Comments:
Puissions nous exporter cette pratique du débat philosophique festif là où il y a vraiment guerres de religions..
De toute façon, tout groupe humain normalement démocratique et pragmatique ne finit il pas par deux groupes face à face dans le débat? ( voir trois si il se méfie trop des appareils, quil veuille se garder une petite corde de rappel, dont il sait qu'elle ne sera jamais au pouvoir, mais parfois en influence, en tant que de besoin)...
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