Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

samedi 8 mars 2008

La Confiance



La confiance est le ciment de toute vie sociale.

Elle semble désormais l’apanage des "imbéciles" et des petites gens.

La confiance est en pleine déroute alors qu’on nous révèlait simultanément que Denis Gautier-Sauvagnac se retirait du MEDEF avec 1.5 millions d’Euros après en avoir évaporé 19 Millions d’Euros, dans des opérations tellement « honorables » qu’il s’agissait de liquide... et que le responsable du CE de VW, Klaus Volkert était corrompu par la direction de la firme, pour d’autres montants astronomiques.

J’avoue en avoir pris un sacré coup sur la tête. Moi qui pensais qu’en Allemagne le syndicalisme était exemplaire et que la corruption dans ce pays n’avait rien à voir avec celle qui règne dans le reste du monde.

Encore un mythe qui s’effondre.

Depuis nous avons appris que pas mal de monde planque son fric au Lichtenstein et pas seulement des allemands.

En écho, il me vient l’envie de vous narrer le récit qu’un vieil oncle me fit autrefois.

Au sortir de la Grande Guerre, alors que la France était exsangue, que les plus grands sacrifices avaient déjà été demandés aux français : rien moins qu’un gros trou dans la courbe démographique, les caisses de la banque de France étant également vides, et les réserves d’or au plus bas, il fut demandé au français dans un nouvel élan de patriotisme de DONNER, leur or !

A cette époque la convertibilité de la monnaie papier en or était encore de mise : c’était cette convertibilité qui donnait confiance en la monnaie papier, d’où l’expression de monnaie fiduciaire (confiance, tient encore elle).

Ils donnèrent en masse, qui sont alliance, qui ses Louis, qui ses Napoléons, qui une chaine...

J’insiste et précise qu’il s’agissait de dons volontaires, car de tels gestes semblent aujourd’hui simplement inimaginables.

Et savez-vous ce que firent les députés français dans l’année qui suivit : ils s’attribuèrent une belle augmentation.

La confiance en avait déjà pris un vilain coup, on comprend sans doute mieux le peu d’enthousiasme des Français à se précipiter dans la seconde guerre : 20 ans c’est peu pour oublier un tel massacre et de telles trahisons.

Je continue à défoncer des portes ouvertes en me demandant comment faire sans confiance pour :

- avoir des amis.
- se marier.
- faire des enfants.
- entreprendre.
- prêter.
- commercer/échanger.
- voter.../...

C’est bien simple la confiance c’est comme l’air que l’on respire : indispensable à la vie en société.

Pourtant l’histoire et la littérature sont pleines de trahisons, parce que la trahison rapporte le plus au traitre ponctuellement, dans l’immédiat. Depuis que les individus se déplacent très rapidement et très loin la trahison devient une stratégie gagnante au niveau individuel, au contraire de l’époque où les hommes étaient moins mobiles, et donc plus soudés et solidaires.
Nous sommes donc de retour au temps des hordes barbares : se servir, piller et partir...

La parade que nos sociétés modernes trouve au développement de la trahison est le tout juridique : comme si les contrats et le papier timbré pouvait remplacer la morale personnelle, la parole donnée et le civisme. En fait c’est une nouvelle trahison au second degré.

J’ai souvenir d’une conférence de Le Comte Sponville sur la morale et le business, pour résumer ce que j’ai retenu : « nous avons tord de vouloir appliquer des règles morales au monde des affaires, car celles-ci n’appartiennent pas à cette sphère là, le monde des affaires est régit par des rapports de force, amoral donc »...

Comme s’il était possible de considérer le monde comme une somme de sphères sans relation les unes avec les autres ?

Crédit photo : Figaro.fr

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8 Comments:

Blogger Padraig said...

Tout ça n'est plus bien grave, depuis que Nicolas a expliqué qu'il convenait de dépénaliser la délinquance en col blanc.

Ben voyons !

Nicolas ira-t-il jusqu'à cirer les pompes de M. Didier Gautier-Sauvagnac ?

samedi, 08 mars, 2008  
Blogger Luc said...

Vaste sujet, la confiance. Très vaste.

La confiance recouvre un domaine très large :
- Tu fais confiance à ton dentiste quand tu ouvre ta bouche, ou quand il te conseille d'arracher telle ou telle dent.
- Tu fais confiance aux ingénieurs de Boeing quand tu prends l'avion.
- Tu fais confiance au cuisinier du restaurant quand tu commandes un steak tartare ou une douzaine d'huitres.
- Tu fais confiance au conducteur du poids lourd qui arrive en face de toi quand tu le croises sur une route pas très large.
- Tu fais confiance à un ami quand tu lui racontes un secret.
- Laure Manaudou a fait confiance à son petit ami quand elle l'a laissé prendre les photos que tout le monde a pu voir sur internet.
Etc, etc, etc ...

Mais toi, dans ton article, tu as circonscrit les histoires de confiance strictement aux problèmes de pognon.

Et, plus précisément aux relations fric / bizness.

Je suis comme toi révolté par l'histoire que tu me relates concernant les députés qui s'augmentent après que les français soient venus donner leur or à l'état. Si c'est vrai, c'est insupportable.

Mais si on regarde le rapport des français à l'argent on constate que :
- Un gars qui gagne 15 millions d'euros au loto est un héros. Et, non seulement il a gagné ça sans bosser une seconde, mais en plus, c'est net d'impôt !
- Un acteur ou un joueur de foot qui gagne des millions et des millions d'euros pour faire le guignol devant une caméra ou pour taper dans un ballon, est adulé : c'est un héros.
- Un gars qui va monter son entreprise en partant de rien, qui va prendre tous les risques, qui va au passage créer de la richesse et des emplois, s'il réussi et se fait plein de pognon, c'est un pourri. Pour lui, c'est la haine.

Donc, pour résumer, en France si tu gagne plein de blé sans rien foutre, t'est le meilleur, et si tu gagne plein de fric en bossant comme un fou, tout le monde te méprise.

Une fois qu'on a bien remis en perspective cet aspect de la mentalité franchouillarde, on voit les choses sous un jour bien différent.

L'UIMM, c'est un syndicat patronal métallurgique d'un autre âge. C'est très dix-neuvième où ceux qui avaient le pouvoir s'arrangeaient entre eux. Quand une grève devenait trop dur, hop, on filait une liasse de billets au délégué syndical, et tout le monde rentrait dans le rang. Moyennant quoi, le délégué en question pouvait s'offrir sa résidence secondaire à la mer ... Et puis il fallait bien se rendre des services. Comment croyez-vous que les syndicats peuvent survivre avec le peu de cotisations dont ils disposent ? En Allemagne, les travailleurs sont syndiqués, donc les syndicats ont des ressources. En France, non. Donc, il faut bien que le pognon vienne de quelque part. Pareil pour les politiques. Ca coûte de l'argent, la place du Colonel Fabien, et l'hôtel particulier de la rue de Solférino ... Et c'est pas avec les cotisations des militants qu'ils vont y arriver !

Alors, c'est à cause du rapport très particulier que les français ont avec l'argent (et qui est unique dans le monde) qu'il a fallu "trouver des arrangements". Et, bien sûr, dès qu'on commence à faire circuler des enveloppes en liquide, ça ouvre tout grand les vannes aux abus de toute sorte. Comme par exemple le cas Gauthier Sauvagnac.

Tant qu'on aura une mentalité "l'argent c'est caca", on se retrouvera face à des cas aussi lamentables ...

Quand aux considérations du Comte Sponville sur les rapports entre la force et la morale, là aussi il y aurait beaucoup à dire.

dimanche, 09 mars, 2008  
Blogger Luc said...

Je suis en train de lire l'excellent livre de Muriel Barbery "L'élégance du hérisson" et, page 55 je suis tombé sur la citation suivante :

"Ceux qui savent faire font,
ceux qui ne savent pas faire enseignent,
ceux qui ne savent pas enseigner enseignent aux enseignants,
et ceux qui ne savent pas enseigner aux enseignants font de la politique."


J'ai trouvé que cette phrase collait assez bien avec le débat qui nous occupe ...

dimanche, 09 mars, 2008  
Blogger Jack said...

Luc, lorsque je lis ton commentaire, fort intéressant dailleurs, je me demande si tu as lu ce que j'ai écrit ou juste regardé la photo?
Mon propos est de souligner que les hommes à un besoin vital de confaince pour vivre ensemble et que tous ceux qui trahissent cette confiance à grande échelle s'attaque à la civilisation, rien moins.
Donc en Allemagne aussi les syndicalistes sont à vendre, bien qu'en théorie le dialogue social fonctionne bien à l'est du Rhin.
Pour ma part, je blâme toujours plus les corrompus, que les corrupteurs.
Les corrupteurs n'achètent que ceux qui sont à vendre. Certains pensent que l'on peut acheter tout le monde , qu'il suffit de trouver le "bon prix".
Au risque de choquer, je préfère les patrons qui achètent les syndicalistes, que ceux qui construisent des usines dans les pays où la main d'oeuvre a juste le droit de dire merci, pour le maigre salaire qu'elle reçoit.
Eux au moins cherchent à faire tourner la machine ici en faisant face, à moins qu'il ne s'agisse de payer les syndicalistes pour qu'ils fassent avaler les plans sociaux...permettant les délocalisations , il y en a eu pas mal dans la métallurgie!

PS : la politique est donc un sujet réservé aux bons à rien?

dimanche, 09 mars, 2008  
Blogger Luc said...

@ Jack : Je pense quand même que, pour réussir en politique, il faut avoir un certain nombre de qualités.

Ceci dit, quand je vois Simone Veil refuser de saluer la Première Dame de France, je suis quand même assez déçu. Je pensais que Simone Veil avait plus d'éducation que ça ...

Comme quoi, hein ? On croit qu'une femme comme ça est quelqu'un de bien, vu ce qu'elle a fait pour la condition féminine, et paf ! La fausse note, la mouche dans le lait.

Finalement, même Simone Veil ne vaut pas mieux que les autres ...

Dommage.

jeudi, 13 mars, 2008  
Blogger Padraig said...

Oui. Sauf si Simone Veil sait des choses que nous ne savons pas...

Ceci étant, si on regarde bien le clip, c'est Carla qui a détourné son regard au moment où Simone aurait pu la saluer...

De là à dire que Carla a fait ça intentionnellement...

jeudi, 13 mars, 2008  
Blogger Luc said...

@ Patrick : Ah oui, tu as raison. C'est bien Carla qui se détourne quand Simone est face à elle.

Du coup, je serais Simone Veil, je serais vexée, et j'agirais comme elle.

Merci, Patrick. Simone Veil est quelqu'un de bien, finalement. Et c'est l'attitude de Carla qui est inqualifiable, même si elle en voulait à SImone pour ce qu'elle a dit à propose de Nicolas ...

Comme quoi, même les vidéos, ça peut tromper ...

jeudi, 13 mars, 2008  
Blogger Jack said...

Ma lecture est que chacune d'elles évite soigneusement de regarder l'autre, et qu'aucune des deux n'avait l'intention de saluer.
Pour ce qui est des raisons : ils faudrait leur demander.

dimanche, 16 mars, 2008  

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