Questions de Barthélémy
En 2002, Gallimard a publié dans la collection de la Pléiade le tome 1 des écrits apocryphes chrétiens. Pour la première fois, il est donné au grand public de lire ces textes proscrits auxquels seuls des dignitaires de l'église triés sur le volet avaient accès jusqu'à présent. C'est un des aspects extraordinaires de notre époque : on a accès à tout !
Dans cet ouvrage fascinant, il y a un livre dont la lecture ne laisse pas indifférent : c'est le livre intitulé "Questions de Barthélémy". Ce texte, qui doit remonter au VII° ou VIII° siècle, présente Barthélémy comme porte parole des apôtres, et qui interroge Jésus-Christ qui revient les visiter après sa résurrection. Et les questions qu'il lui pose sont les questions qu'on s'est tous posé, et Jésus répond !
Voici un passage significatif (pp 272 - 273) :
Barthélémy demanda : "Seigneur, combien d'âmes sortent-elles chaque jour de ce monde ?"
Jésus lui répondit : "Trente mille." (...)
Alors Barthélémy demanda : "Seigneur, combien d'âmes entrent-elles chaque jour dans le paradis ?"
Jésus lui répondit : "Seulement trois."
Barthélémy demanda : "Comment se fait-il que trois âmes seulement entrent dans le paradis ?"
Jésus lui répondit : "Cinquante-trois entrent dans le paradis, mais trois seulement reposent dans le sein d'Abraham. Les autres, elles, sont dans le lieu du repos, car elles ne sont pas comme ces trois âmes justes."
Barthélémy lui demanda : "Seigneur, combien d'âmes naissent-elles chaque jour dans le monde ?"
Jésus lui répondit : "Par rapport à celles qui sortent du monde, il naît seulement une âme en surplus."
Après avoir dit cela, il leur donna la paix et devint invisible à leurs yeux.
Moi, je trouve ce texte étonnant. Donc, si je compte bien, chaque jour, il y a trente mille morts, et, là dessus, cinquante-trois vont au paradis, et donc il y en a 29 947 qui n'y vont pas au paradis ! Quand Michel Polnareff a écrit "On ira tous au paradis" en 1973, il n'avait pas dû lire les Questions de Barthélémy ! Vous vous rendez compte ? Cinquante trois seulement sur trente mille ?
Deuxième remarque : l'âme supplémentaire quotidienne. Quel sens y donner ? A l'époque, il n'y aurait donc eu un accroissement de population sur terre que d'une personne par jour ? 365 personnes en plus par an. Aujourd'hui, c'est par centaines de millions que ça se compte.
Quand on pense au film "Le Nom de la Rose", on visualise ces moines qui seuls avaient accès à ces textes interdits pendants des siècles ...
Pour en savoir plus :
1. Ecrits apocryphes chrétiens, tome 1 (Amazon.fr)
2. Écrits apocryphes chrétiens I (index)
Crédit photo : orthodox-icon.com
Libellés : chroniques de la religion ordinaire
8 Comments:
Apocryphe, ça veut dire "d'origine douteuse"... En fait, ces textes (dont les "évangiles" apocryphes), sont assez facilement disponibles sur l'Internet. J'en ai parcouru certains, par exemple celui de Marie. Et, franchement, je ne m'étonne pas que l'Eglise les ai mis de côté... C'est au mieux poétique, au pire du n'importe quoi... Le cas de Barthélémy me semble être un sommet dans le genre n'importe quoi...
Euh ... ben non : On qualifie d'apocryphe (du grec ἀπόκρυφος apókruphos, « caché ») un écrit caché, comme son nom l'indique.
Pour en savoir plus : Apocryphe.
... Et la teneur de ces texte ne me semble (à moi) pas plus du "n'importe quoi" que le reste de la "Bible officielle" ...
Simplement, les écrits "apocryphes" étaient les textes cachés par l'église Catholique, Apostolique et Romaine. C'est pourquoi, les lire après 2000 ans d'obscurantisme procure une certaine émotion.
Je trouve.
P.S. : Moi, je me réfère à l'édition de La Pléïade, pas à des textes qui traînent sur internet ... :-)
Alors, c’est l’histoire de deux inséparables vieux copains en Provence : Bartolomeo et Marius (à conter en Provençal et avé l’assent, si possible !).
Ils sont tellement inséparables qu’ils n’envisagent même pas d’être séparés dans la mort, mais Dieu, dans sa grande mansuétude, les exhaussa.
Arrivés ensemble devant Saint-Pierre, restait donc une interrogation, iraient-ils ensemble en paradis ? La question fut donc aussitôt posée.
Saint Pierre déclara qu’il lui fallait peser les âmes et donc que chacun se présente.
Bartolomeo raconta, qu’il s’était marié bien jeune et vécue avec la même femme pendant 45 ans : Saint Pierre,hochant la tête, décréta aussitôt qu’il avait bien gagné le paradis.
Marius se réjouissait déjà, car en ce qui le concernait, ils avaient eu deux femmes, la première ayant été emporté par la grippe espagnole, il s’était remarié.
A sa grande surprise Saint Pierre lui désigna la direction de l’enfer.
Marius, qui trouvait cette décision par trop injuste demanda à Saint Pierre de s’expliquer.
Marius! fit Saint Pierre, le paradis c’est fait pour ceux qui ont été malheureux sur terre, pas pour les débiles qui persistent dans l’erreur.
Tiens, il y aurait donc un "évangile de Jack" - apocryphe évidemment ?
@Luc - c'est vrai qu'imprimés sur le papier-bible de la collection de La Pléïade, ces textes acquièrent d'emblée une certaine authenticité !
Pour l'aspect "n'importe quoi", je comparaissais ce qui est comparable, c'est à dire les écrits du Nouveau Testament (les évangiles) avec les écrits apocryphes... En dehors de l'Apocalypse de St Jean qui est assez nettement du genre psychédélique (le LSD, ça existait, en ce temps-là ?), les évangiles restent dans un registre plutôt concret – mis à part les miracles, et comportent peu d'élucubrations "à la" Barthélémy...
Et la Saint Barthélémy, vous vous en souvenez ?
Décidémént ce Barthélémy a manqué de chance son évangile est déclaré apocryphe, ce qui n'est pas franchement glorieux et son nom est resté dans les mémoires comme le jour d'un massacre...
J’ai une autre histoire de Bartholomeo :
Bartholomeo habitait l’île de la Bartelasse, qui souvent est submergée par les crues du Rhône. Bartholomeo est un bon chrétien doté d’une foi sans faille.
Survint un jour une crue centenaire, qui l’obligea à se réfugier sur le toit de sa maison. Assez vite les secours s’organisèrent et les pompiers visitèrent Bartholomeo, qui avait déjà de l’eau à mi-cuisse, ils l’invitèrent à grimper dans leur barque.
Bartholomeo, qui avait la foi, leur déclara que le seigneur veillait sur son troupeau et qu’il comptait bien sur Lui, pour venir à son secours si besoin.
Les sauveteurs repassèrent le lendemain, car l’eau était encore montée, notre Bartholomeo en avait à présent jusqu’à la ceinture, mais il gardait son inébranlable confiance au Seigneur et ne doutait pas qu’il veillât sur lui. Les sapeurs s’en allèrent donc encore une fois.
Au troisième jour, l’eau était encore montée (c’était une crue centenaire), les sauveteurs retournèrent à la maison de Bartholomeo, bien décidés à revenir avec lui.
Il avait de l’eau jusqu’au cou, mais sa foi restait inébranlable et malgré de longues palabres, nos braves sauveteurs durent le laisser sur son toit.
L’eau montait encore, alors, à nouveau les pompiers retournèrent à son secours : comme on pouvait le craindre, Bartholomeo avait disparu, il s’était noyé.
C’est donc à la porte du paradis, face à saint Pierre, que nous retrouvons notre Bartholomeo, dans une très grande colère, car le Seigneur, malgré son inébranlable foi ne l’avait point secouru.
Il faisait tant de chambard que Dieu lui-même l’entendit et accourut :
« Ah, c’est toi Bartholomeo ! bougre de couillon ! Trois fois je t’ai envoyé du secours !… »
Moralité : La foi soulève des montagnes et peut aussi noyer les couillons.
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