Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

samedi 10 décembre 2011

Ce qui s'est vraiment passé à bord du vol Air France 447



Le lundi 1er juin 2009, à 4h14 du matin, heure française, l'Airbus A330-200 du vol Air France 447 Rio de Janeiro - Paris disparaît dans l'océan Atlantique. Trois jours plus tard, je publiais ici mon analyse sur les causes du crash.

Ce qui m'avait surpris à l'époque c'est que le vol AF 447 ait foncé tout droit dans une formation ultra dangereuse de cumulonimbus, alors que les autres vols qui le précédaient et le suivaient s'étaient déroutés. Ce comportement de la part des pilotes d'Air France était assez inexplicable, surtout dans cette zone connue de tout le monde, appelée familièrement le "Pot au Noir".

J'avais évoqué à l'époque une possible erreur d'interprétation des informations fournies par le radar météo embarqué à bord de l'avion, ce qui aurait expliqué que les pilotes aient continuer à foncer tout droit dans le cumulonimbus géant qui se trouvait devant eux.

Popular Mechanics vient de publier un article très intéressant intitulé : What Really Happened Aboard Air France 447. Il retrace ce qui s'est passé dans le cockpit minute par minute à l'aide du contenu des boîtes noires que l'on a retrouvées depuis.

Et, dans cet article, on peut lire :

02:07:00 (Bonin) On est apparemment à la limite de la couche, ça devrait aller.
We seem to be at the end of the cloud layer, it might be okay.

In the meantime Robert has been examining the radar system and has found that it has not been set up in the correct mode. Changing the settings, he scrutinizes the radar map and realizes that they are headed directly toward an area of intense activity.

02:08:03 (Robert) Tu peux éventuellement le tirer un peu à gauche.
You can possibly pull it a little to the left.

02:08:05 (Bonin) Excuse-moi ?
Sorry, what?

02:08:07 (Robert) Tu peux éventuellement prendre un peu à gauche. On est d'accord qu'on est en manuel, hein ?
You can possibly pull it a little to the left. We're agreed that we're in manual, yeah?

Bonin wordlessly banks the plane to the left.


David Robert, qui vient de revenir dans le cockpit après une sieste, découvre donc que le radar météo n'avait pas été mis dans le mode correct, et qu'ils étaient en train de foncer dans un orage tropical intense. Et à 2h08 du matin il demande au pilote d'essayer de l'éviter vers la gauche. Mais il est déjà trop tard. L'avion s'écrasera dans l'océan à 2h 14 du matin, soit 6 minutes plus tard.

Par contre, j'étais loin de me douter du fait que les sondes Pitot avaient gelé et qu'il y aurait tant d'erreurs humaines dans le cockpit.

La lecture de l'article de Popular Mechanics fait un peu froid dans le dos, quand même. Surtout les commentaires en anglais.

Pour en savoir plus :
1. What Really Happened Aboard Air France 447 (Popular Mechanics)
2. A propos du crash du vol Air France 447 (Chez Luc - Juin 2009)
3. Vol 447 Air France (Wikipédia)

Crédit photo : Google Earth Blog

7 Comments:

Anonymous Fred MOREL said...

Drôle de titre, à croire que vous y étiez...
Pour info les radars des avions ne disent pas tout, vous pouvez entrer dans du rouge vif et ne rien sentir, et passer dans du vert paisible et vous prendre les turbulences de votre vie.
Allez voir cet autre blog http://henrimarnetcornus.20minutes-blogs.fr/tag/af447
et vous comprendrez que la philosophie Airbus est une catastrophe pour les pilotes.
Quand tout marche bien, c'est génial, mais quand ça commence à merder.....
Au fait pourquoi le BEA a omis de citer le fait que l'avion a perdu 400 ft d'un coup au moment de la panne des pitots ce qui explique l'action à cabrer des pilotes.
Et quand vos anémomètres vos indiquent une survitesse, que fait un pilote ?? Il tire sur la manche...
Un jour peut-être vous poserez vous la bonne question.
Pourquoi AF qui n'a que 25 Airbus long-courrier n'a que des problèmes avec (Toronto, Rio, Caracas...) alors que vous n'entendez jamais parler de leurs 60 Boeing 777 qui ont pourtant eux aussi régulièrement des pannes mais ça se termine toujours bien (panne moteur la semaine dernière par exemple).
Je défends mes collègues car je veux connaître la vérité pour apprendre des erreurs des autres mais en tant que pilote de ligne et ingénieur en aéronautique, je peux vous dire que les démonstrations de certains journalistes ou pseudo spécialistes de l'aviation laissent franchement à désirer et que vous ne devriez pas vous précipiter pour reprendre ça à votre compte, même pour des brèves de comptoir

dimanche, 11 décembre, 2011  
Blogger Jack said...

Les accidents ont très rarement une seule cause, il est par contre courant qu'une accumulation d'erreurs et de mal-fonctions qui s'ils advenaient isolément seraient sans conséquences, soient fatale.
La première cause s'appelle peut-être Airbus, mais si c'était le cas, il me semble que ça se saurait.
Par contre si je ne m'abuse, la mauvaise interprétation utilisation du radar météo est validée par le détournement des autres vols croisant dans le secteur...
Lorsque le pilotage est mis en cause dans une catastrophe aérienne, le corporatisme joue naturellement. Mais d'un autre côté les pèlerins que nous sommes, (pour utiliser les termes de la profession) oublient que le(s) pilotes sont aussi dans l'avion et n'ont pas plus envie de mourir que la plupart des passagers et ce d'autant plus qu'ils volent plus souvent que les pèlerins.
Mais il reste que l’erreur est humaine, que le pilotes sont des humains ainsi que toutes les personnes qui font que les avions existent et volent : elles sont très nombreuses.
Lorsqu'on monte dans sa voiture on évite de penser à tous les fous furieux qu'on va croiser sur la route, pourtant les victimes sont infiniment plus nombreuses sur la route.

dimanche, 11 décembre, 2011  
Blogger Luc said...

@ Fred Morel : le titre n'est que la traduction en français du titre de l'article de Popular Mechanics.

Ceci dit, je suis d'accord avec vous en ce qui concerne la philosophie Airbus. Et j'avais juré que ne mettrait pas les pieds dans l'A380, qui ne peut pas se piloter manuellement à cause d'ailerons arrières trop petits, et pourtant je l'ai pris quand même ...

Comme quoi on peut être plein de contradictions.

dimanche, 11 décembre, 2011  
Blogger Padraig said...

Répétez après moi (cent fois de suite) : "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde", "Les Airbus sont les meilleurs avions du monde",

lundi, 12 décembre, 2011  
Blogger Padraig said...

On m'a raconté que les Rafales étaient également impilotables. Mais là, c'est pour libérer le pilote qui peut ainsi se concentrer à 100% sur la tâche de combat.

Les Boeings échapperaient-ils à cette logique ?

lundi, 12 décembre, 2011  
Blogger Jack said...

@Padraig "le so British du comptoir" : que disent les stats par type d'avion pour ce qui concerne Airbus? toi qui est un spécialiste en aéronautique.

lundi, 12 décembre, 2011  
Blogger Padraig said...

Moi, je suis pas spécialiste du tout. Mais qu'a donc l'Airbus que les Boeing n'ont pas (ou le contraire), qui le rendrait moins pilotable ?

mardi, 13 décembre, 2011  

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