Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

dimanche 21 janvier 2007

A propos des impôts ...

Le PS et le fisc

Certain(e)s d'entres vous, je le sais, pensent que Nicolas et Ségolène, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. Eh bien je ne suis pas de cet avis. S'il est vrai que, face à un événement important, il y a de grandes chances pour que l'un et l'autre prendraient "grosso modo" le même type de mesures, la philisophe qui sous-tend leur action est diamétralement opposée sur bien des points.

Prenons un exemple au hasard : les impôts.

C'est un sujet sur lequel il y a une vraie divergence. Tout le monde a envie de solidarité, donc une approche humaniste va justifier toute une mesure de soutien aux plus défavorisés, et cet argent, on va le trouver où ? En mettant plus d'impôts. D'un autre côté, trop d'impôt tue l'impôt. Plus on monte les impôts, plus on charge la barque des entreprises, qui créent les richesses et qui créent l'emploi.

Le gros problème est donc de mettre le curseur au bon endroit, entre un système "à l'américaine" ultra-libérale avec très peu d'impôts et donc très peu de chômage, mais aussi très peu de solidarité d'état, et un système "collectiviste" égalitariste où, dans une usine, tout le monde gagne la même chose, de l'ouvrier au directeur. On peut noter que dans dans une économie ultra-libérale, tout est possible, et que dans une économie égalitaire, il n'y a pas de riches.

Donc, où mettre le curseur ? Je ne sais pas, mais, ce qui est évident, c'est que le curseur est actuellement trop à gauche, avec 44% de taux de prélèvements obligatoires sur le PIB.

Alors, sur ce sujet, que proposent Nicolas et Pimprenelle Ségolène ?

Nicolas, lui, il propose de poursuivre de continuer ce qu'avait comencé à faire Jacques Chirac, c'est à dire de redescendre le curseur vers 40%. Moins d'impôts, donc plus d'emploi, donc moins de nécessité de solidarité pour le chomage, donc moins de nécessité d'impôts, etc ... C'est ce qu'on appelle "un cercle vertueux".

Du côté de Ségolène, la situation est un peu plus compliquée. Son compagnon, qui est incidemment le Premier Secrétaire du PS n'aime pas les riches. Il l'a dit clairement sur France 2, comme vous pouvez le voir ci-dessous :



Donc, déjà, déclarer haut et fort qu'on n'aime pas les riches, c'est évidemment démagogique, limite populiste, mais en plus, quand soi-même on paye l'ISF et qu'on a bien pris soin de monter une SCI pour gérer son patrimoine immobilier, reconnaissez que ça fait désordre ...

Et puis, en plus, quand il déclare qu'il n'aime pas les riches, il met la barre assez bas, puisque le 11 janvier, il a déclaré qu'il allait supprimer sur les baisses d'impôts pour les revenus supérieurs à 4000 Euros par mois. Bon, vous me direz, il n'a fait que reprendre ce qui est écrit noir sur blanc dans le "projet socialiste" pour la présidentielle qui prévoit explicitement de revenir "sur toutes les baisses d'impôts accordées depuis 2002 aux haus revenus". Quand on n'aime pas les riches et qu'on est démago, quoi de plus normal, après tout. Mais ça n'a pas plu à sa compagne, Marie-Ségolène, et donc lors de la présentation des voeux du PS à la presse, François Hollande a fait une déclaration assez confuse, comme quoi ce serait les foyers fiscaux dont chacun des membres aurait un revenu supérieur à 4000 Euros net par mois, soit 8000 Euros pour un couple marié, 10000 Euros avec un enfant, etc ...

Peu importe. Bonnet blanc, blanc bonnet ?

D'un côté, Nicolas veut remettre le curseur vers un peu moins d'impôts et un peu plus de liberté, tout en maintenant une vraie solidarité sociale.
De l'autre côté, le PS veut continuer à charger la mule et à nous enfoncer plus encore, ce qui va créer plus de chômage, et donc nécessiter encore plus d'impôts, etc ... C'est ce qu'on appelle un cercle vicieux.

Entre les deux, je ne sais pas vous, mais moi, je préfère Nicolas.

Pour en savoir plus :
1. Fiscalité: les déclarations de François Hollande relancent la polémique (Yahoo news)
2. Le débat sur la fiscalité témoigne de la difficulté à définir qui sont les "riches" en France (Le Monde)
3. Les astuces fiscales du couple Hollande-Royal dévoilées (La Tribune de Genève)

Crédit dessin : Delize

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10 Comments:

Blogger Jack said...

Je suis content que tu nous fasses un article sur les impôts car justement, j’ai dit il n’y a pas si longtemps ici, que payer des impôts est plutôt bon signe et si comme toi je pense qu’il faut savoir mettre le curseur à la bonne place, je pense aussi qu’il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.
Lorsque tu lis ceci sur ton relevé de prélèvement mensuel pour 2007 :

« Madame, Monsieur,

Afin de vous faire bénéficier dés à présent de la baisse de l’impôt sur le revenu, je vous informe que le montant de l’ensemble de vos prélèvements mensuels est réduit de 8% dans la limite de 300 euros.

Mes services se tiennent à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Votre Trésorier. »

Et que la simple comparaison avec l’année précédente montre une augmentation de 1000 € (après réduction), çà fout juste les boules.
C’est sans doute ce qu’on appelle un effet d’annonce, franchement ce genre de pratique ne me donne guère envie de voter pour le camp qui y a recours.

Les impôts et autres prélèvements en France n’ont pas arrêté d’augmenter aussi bien sous la droite que sous la gauche. Nous sommes à présent parmi les champions du monde du prélèvement : je crois qu’il est grand temps de se demander comment nous gouvernants dépensent cet argent.
Très certainement à tord et à travers et c’est de la manière d’économiser notre argent dont j’aimerais que nos candidats nous parlent.
Pas seulement des dépenses qu’ils comptent faire : que pour commencer on ne prenne aucune mesure sans décider clairement de son financement.

Combien coûte le nouveau droit au logement opposable : rien à foutre c’est une autre législature qui va gérer ?

dimanche, 21 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

@ Jack : "Les impôts et autres prélèvements en France n’ont pas arrêté d’augmenter aussi bien sous la droite que sous la gauche." Finalement, je suis assez d'accord avec toi. J'ai fait un petit graphique qui donne l'historique de l'évolution du taux de prélèvement obligatoire en France depuis 1965 (source : Rapport sur les prélèvements obligatoires et leur évolution).

Et ça donne ceci :
- 1965 à 1974 : on reste stable à 35%.
- 1974 à 1981 : Giscard fait grimper de 35 à 40%.
- 1981 à 1993 : Mitterrand fait grimper de 40 à 42%.
- 1993 à 1997 : Chirac fait grimper de 42 à 44%.
- 1997 à 2002 : Jospin fait grimper à 45% puis redescend à 43%.
- 2002 à 2006 : Chirac fait grimper de 43 à 44% où l'on se trouve actuellement ...

Fascinant, non ?

dimanche, 21 janvier, 2007  
Blogger Philippe.Piriac said...

Avez vous lu l'article de JC Hourcade et Frédéric Ghersi sur la taxe Carbone "une bonne idée à ne pas gacher" ( Pour la Science Dossier Climat de Janvier/mars 2007 p.68) ou ils font le lien entre cette taxe eventuelle et son recyclage en baisse des prélèvements sur le travail?
Intéressant nn de créer du DD , de la richesse sociale et de la compétitivité économique en meme temps?

La seule chose que je me suis demandé c'est si on n'allaitpas vers une augmentation , modulée des facteurs mentionnées... de la TVA...( c''est là quil va dur de ne pas gacher la bonne idée!)

dimanche, 21 janvier, 2007  
Blogger Betty said...

Je suis d'accord avec Jack. Beaucoup d'effet d'annonce. Et depuis des années à gauche comme a droite, tjs les belles idées et les belles paroles.... mais paroles paroles paroles... (ça ne vous rappelle pas une chanson ?)
Ok chaque camps est bien positionné prennant le contre-pied de son adversaire. Mais je n'y vois que de la joute politique. La place est bonne et l'ambition personnelle, depuis très longtemps, dévore les candidats. Il n'existe plus "d'idée politique "dans le sens noble du terme".

Oui je sais j'ai l'air un peu désabusée comme ça mais quand je fais le bilan des... allez on va dire : 25 dernières années je constate : augmentation du chomage - dégringolade du pouvoir d'achat - apparition de travailleurs pauvres (!) - graves pb de logements (et il ne s'agit pas que des SDF loin de la) - faillite de la Sécu et des caisses de retraites - la liste est trop longue.. il faudrait parler immigration, violence dans les cités, communautarisme, centralisation/décentralisation et effets pervers, environnement, enseignements, recherche, santé public, déficite public, anticipation de l'avenir etc... etc...
Il suffit de lire le rapport de la cours des comptes chaque années pour comprendre que l'intelligence ne gouverne pas.


J'attends que l'on sorte de la politique "marketing".
Mais l'opinion publique est elle prête à cela ?...

lundi, 22 janvier, 2007  
Blogger Jack said...

En fait, pour mes impôts, il y a un truc que je n'avais pas compris, je suis un peu couillon, j'ai bénéficié d'une réduction d'augmentation...

lundi, 22 janvier, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Moi, quand j'entends quelqu'un dire "je paye trop d'impot sur le revenu", je sors mon pistolet, comme dirait l'autre.

La France arrive en 25eme position en terme de part de l'impot sur le revenu dans le total des impots. Loin derrière les USA (5eme), le Royaume Uni (11eme) ou l'Allemagne (16eme.

Evidemment, l'impot sur le revenu est le plus symbolique, le plus visible, et il semble désormais acquis que "l'on en paye trop". Résultat : c'est sur la TVA et la CSG que le gouvernement se rattrappe pour équilibrer son budget.

Moi, je suis partisan du prélévement à la source, indolore et surtout plus dur à frauder, et d'une augmentation des impots sur le revenu, avec une progressivité importante (et contraireemnt à JF Copé, je ne crois pas que 4000 euros mensuel ce soit "les classes moyennes".

L'impot, s'il est bien utilisé, est créateur de richesses et d'emploi, et il a un rôle fondamental de rééquilibrage social.

lundi, 22 janvier, 2007  
Blogger Betty said...

@ Paul : si tu te présentes aux élections, moi je vote pour toi ;-)

lundi, 22 janvier, 2007  
Blogger Padraig said...

Et dire qu'avant 1914 (sous Raymond Poincaré) , il n'y avait pas d'impôt sur le revenu...

En revanche, il y avait l'impôt sur les portes et fenêtres...

lundi, 22 janvier, 2007  
Blogger Jack said...

@Paul:
Tu n'as pas bien lu ce qui précede je crois, ou alors mon (notre) français est vraiment hermétique...Tu peux ranger ton pistolet!

@Patrick : je dirais çà autrement, tout impot est inique...mais necessaire

mardi, 23 janvier, 2007  
Blogger Luc said...

@ Eugénie : "MouhahahaHAHAHAHAHA !"

J'adore ton argumentaire !

En tous cas, ton commentaire semble confirmer ce que je vouslais démontrer : Nicolas et Ségolène, ce n'est pas bonnet blanc et blanc bonnet ...

:-)

mercredi, 24 janvier, 2007  

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