Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

mercredi 28 mars 2007

A propos des sondages

Sondage 2002

Tout le monde a en mémoire le choc du soir du 21 avril 2002 quand on a annoncé les résultats du premier tour de l'élection présidentielle.

Vu qu'en ce moment on nous assène sondage sur sondage, j'ai voulu revoir un peu quel était l'historique des sondages qui ont été publiés dans les semaines qui ont précédé avril 2002. Ils sont résumés dans le tableau ci-dessus.

On voit clairement que :
- Jacques Chirac était correctement estimé.
- Lionel Jospin était surestimé de 2%.
- Jean-Marie Le Pen était sous estimé de près de 4%.

Et donc, ces erreurs d'analyses ont complètement occulté l'arrivée de Le Pen au second tour.

Le Canard Enchaîné de cette semaine apporte un éclairage assez cru sur la cuisine à laquelle se livrent les instituts de sondages pour essayer de prendre en compte le "vote Le Pen honteux" et donc inavoué.

Ipsos

Pour le sondage Ipsos mentionné ci-dessus, 38 personnes ont répondu Le Pen, ce qui représente 5,1% des intentions de vote. Après correction, on atteint 16,6 %, (équivalent, donc, à 125 personnes ...). Ca envoie le bouchon un peu loin.

Un autre fait avait été remarqué par certains journalistes, et c'est le suivant : Les sondages sont exclusivement réalisés par téléphone, en téléphonant à des personnes sur leur ligne fixe. Ils ignorent donc complètement tous ceux qui ont supprimé leur abonnement sur ligne fixe pour ne conserver qu'un portable. Et ces gens-là (en général dans une fraction jeune de la population) sont de plus en plus nombreux.

Quand on balance des gros titres du genre "Royal et Sarkozy à 50-50 au premier tour", on oublie de prendre en compte :
- La marge d'erreur du sondage (jamais publiée).
- La cuisine des coefficients correcteurs.
- L'oubli de prendre en compte ceux qui n'ont que des portables.
- Le fait que ce sondage est valable le jour du sondage et pas la veille ni le lendemain. Reconnaissons que, sur ce dernier point, ils le signalent quand même à chaque fois.

Donc, les sondages ... à prendre en compte, mais avec des pincettes !

Ceci étant dit, quand on constate début mars une percée de François Bayrou, je pense qu'elle correspond à quelque chose de réel. Et en plus, cette percée ne doit rien aux médias, qui l'avaient superbement ignoré jusque là.

Pour en savoir plus :
1. Élection présidentielle 2002 (tns Sofres)
2. François Bayrou à 24% au premier tour (Chez Luc)

Crédit images : tns Sofres et Le Canard Enchaîné

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9 Comments:

Blogger Jack said...

Lorsque le coefficient multiplicateur atteint 3.278 c’est carrément n’importe quoi, ce que nous savons depuis quelques temps déjà. Ils devraient faire un sondage pour savoir si les gens croient aux sondages, mais ce serait sans doute se tirer une balle dans le pied.
Il n’empêche que cette frénésie de sondage brouille d’autant plus les cartes que de très nombreuses personnes ne tiennent pas à voir se renouveler le premier tour de 2002 et que parmi celles-ci un certain nombre pourraient aussi se laisser influencer par les sondages, histoire de voter utile.
J’en viens donc à l’idée, qu’en toute rigueur, il ne faudrait pas interdire la publication des sondages seulement une semaine avant le scrutin, mais durant toute la campagne. Tant pis si ça fait baisser le tirage, mais cela pourrait aussi avoir pour effet d’obliger les journalistes politiques à nous parler de politique, justement.

mercredi, 28 mars, 2007  
Blogger Padraig said...

Les instituts de sondage sont comme la presse. Ils ont un pouvoir sur l'opinion. Dans certains cas, ils sont neutres parce qu'ils n'ont pas d'intérêt dans le sujet. Mais dans d'autres cas, comment imaginer qu'ils sont neutres ? Comment Imaginer que Laurence Parisot, Patronne du MEDEF et Présidente de l'IFOP, n'utilise pas son outil pour orienter l'opinion en faveur de ses "amis" ? On admet volontiers que la presse est partiale. Pourquoi imaginer que les sondages sont impartiaux ?

Comme vous le savez maintenant, un sondage de très bonne qualité portant sur 1 000 personnes soigneusement choisies ne saurait avoir une précision meilleure que plus ou moins 3 points. Donc, quand un institut annonce 15,5%, c'est évidemment de la foutaise... En réalité, c'est entre 12 % et 18 %...

Conclusion : tous ces sondages qu'on nous sert sont des tentatives de manipulation. Et c'est pervers, parce que c'est caché. Que le journal l'Humanité influe dans un sens, tout le monde le sait et on l'admet. Mais quand l'IFOP influe dans un sens, le public n'en est pas conscient...

jeudi, 29 mars, 2007  
Blogger Paul said...

Moi, je ne crois pas à la thèse de la manipulation dans les résultats, même pour l'IFOP. Il y a tout de même beaucoup de gens impliqués dans la réalisation d'un sondage, et le risque de fuite et donc de scandale en cas de manipulation des données serit très élévé. N'oublions pas ques les instituts de sondages sont en concurrence les uns avec les autres et doivent rester crédibles pour survivre.
En revanche, bien sûr, les interprétations de ces sondages sont souvent sujet à caution.

De toute façon, interdire les sondages est à la fois irréaliste (rien n'epècherait de les publier à l'étranger) et inconséquent : cela reviendrait à cacher au public des données de toute façon accessibles aux privilégiés.

L'idéal serait de mieux apprendre au public à interpréter les données, pas seulement des sondages, mais aussi toutes les statistiques.

jeudi, 29 mars, 2007  
Blogger Jack said...

@Paul : je ne suis pas d’accord du tout avec ce que tu écris là :
Lorsqu’on oubli de préciser comme l’exigerait une information objective les plages d’incertitudes des résultats il s’agit de manipulation de l’information.
Lorsqu’on applique des coefficients correcteurs basés sur les écarts entre sondages précédents et résultats réels, c’est de la spéculation pure et simple.
Puisque l’ensemble des instituts de sondage, qui vivent de ce business, pratiquent les mêmes méthodes, il n’y a aucune raison pour que l’une d’elle les dénoncent.
Tout le monde a pu voir les monstrueux écarts entre réalité et sondage, cela n’a pas l’air de décourager qui que ce soit...

Enfin apprendre à l’ensemble des lecteurs les rudiments de statistique nécessaires à une interprétation objective de tous les études statistiques est pure utopie. J’ai eu le privilège d’avoir accès à un niveau de statistique assez moyen, mais suffisant pour comprendre que 80% de nos concitoyens ne peuvent y accéder : il faut aimer un peu les maths.
Et il faut aussi accepter les incertitudes, ce qui est intellectuellement difficile pour beaucoup.
L’interdiction de la publication des sondages n’empêcherait certes pas leur usage privé (et privilégié) mais éviterait de faire de ces derniers un instrument de la manipulation de l’opinion.

Ce qui, il faut bien le reconnaître n’empêcherait pas la manipulation d’opinion qui est un sport national et international, y compris sur ce blog... mais ici, au moins, il n’y a point de censure.

vendredi, 30 mars, 2007  
Blogger Padraig said...

Paul, tu as raison de remarquer qu'il y a beaucoup de gens impliqués dans la réalisation des sondages (en majeure partie des jeunes employés en CDD, ou en simple stage d'ailleurs). Chacun de ceux-là a donc une petite partie des résultats. Mais très peu de gens ont accès aux résultats complets. Une très petite poignée de personnes, je pense. En fait, les cadres dirigeants de l'Institut. CQFD.

vendredi, 30 mars, 2007  
Blogger Luc said...

@ Patrick : Enfin, il y en a quand même suffisamment au courant pour qu'il y ait des fuites dans le Canard (cf IPSOS) ...

vendredi, 30 mars, 2007  
Blogger Padraig said...

8 février 2009 : Sondages relatifs à l'émission "spécial crise" de Nicolas Sarkosy du 5 février.

Selon Le Parisien qui cite un sondage CSA, Nicolas Sarkozy n’a convaincu que 36% des Français lors de son intervention de jeudi 5 février. Selon le sondage Opinionway pour le Figaro, ce sont 53% des Français qui ont été convaincus.

17 points d'écart ? Et on donne encore du crédit aux sondages ?

De toute évidence, les sondages ne sont que des outils de manipulation de l'opinion !

dimanche, 08 février, 2009  
Blogger Padraig said...

Lu dans Le Monde.fr du 17 juillet 2009 :

"La Cour des comptes s'est intéressée, dans son rapport sur la gestion des comptes de l'Elysée, paru jeudi 16 juillet 2009, à la politique de commande des sondages d'opinion. Elle s'interroge notamment sur un contrat signé en juin 2007 avec un cabinet qui a commandé par la suite à l'institut de sondages et d'études OpinionWay plusieurs enquêtes d'opinion, pour 1,5 million d'euros. Des sondages payés par l'Etat et dont les résultats ont pourtant été également publiés par Le Figaro et LCI."

Si c'est la cour des comptes qui le dit... Quand on paye 1,5 millions d'euros à Opinionway, on est en droit de recueillir en retour quelques "bonnes opinions", non ?

samedi, 18 juillet, 2009  
Blogger Jack said...

Argent dépensé d'autant plus inutilement, qu'avec la démocratie on a inventé les élections, elles permettent justement l'expression de tous les citoyens qui le souhaitent, on appelle ça voter...

D'où la question : sommes nous toujours bien en démocratie?
"Mediacratie" conviendrait-il mieux?

Encore que...cela fait déjà longtemps que le pouvoir cherche à manipuler l'opinion en sa faveur, c'est même une des caractéristiques essentielles des dictatures.

Serions nous passés en dictature, sans nous en être aperçu?

samedi, 18 juillet, 2009  

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