Chez Luc (brèves de comptoir)

"Chez Luc", le bar où l'on peut venir bavarder ensemble à propos des choses qui fâchent, ou qui réjouissent, ou qui émeuvent ... Je vis près d'Avignon, en Provence. J'ai trois bons copains qui viennent au bar pour nous raconter la dernière du jour : Jack, de Belinto en Provence, Patrick, d'Audierne en Bretagne, et Philippe, de Piriac en Bretagne du sud (qu'on appelle aussi "Pays de Loire").

Les auteurs (le patron et les habitués)

Photo Luc

Luc, Avignon

Photo Padraig

Padraig, Audierne

Photo Jack

Jack, Belinto

Photo Philippe

Philippe, Piriac

dimanche 9 décembre 2007

Le colonel Kadhafi va planter sa tente à l'Hôtel de Marigny

coke en stock

Le colonel Kadhafi va venir à Paris en visite officielle pour cinq jours. Et il a exigé, comme à son habitude, de pouvoir planter sa tente de bédouin pour recevoir ses invités en suivant ses coutumes, lui, "le fils de la tente".

Quand, en avril 1986, Ronald Reagan avait ordonné le bombardement punitif de Tripoli suite à des attaques terroristes (Operation El Dorado Canyon), son immense palais de Bab Azizia avait été bombardé, mais lui avait survécu. Pourquoi ? Parce qu'il était sous sa tente, plantée au milieu du palais, à l'abri des bombes. Il a d'ailleurs tenu à recevoir Nicolas Sarkozy face à son palais en ruines, lors de la visite du 14 octobre 2007.

Apparemment, il est coutumier du fait. A chaque visite à l'étranger, il emmène sa tente. Par exemple, il est aujourd'hui en visite officielle au Portugal. Il a installé sa tente dans le fort militaire de Sao Juliao, résidence officielle du ministre de la Défense sur le bord du Tage, à une dizaine de kilomètres de Lisbonne.

C'est quand même plus facile de l'accueillir à la campagne qu'à la ville. Heureusement, nous disposons des palais de la république pour recevoir dignement "Le Guide", et on lui a proposé l'Hôtel de Marigny, très pratique, à deux pas de l'Elysée ...

Pour en savoir plus :
1. Une tente pour le colonel Kadhafi à Paris (Libération)
1. Mouammar Kadhafi (Wkipédia)
2. Hôtel de Marigny (Présidence de la République)

Crédit image : Hergé (Coke en Stock)

21 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Il faudrait prévenir Christine Boutin avant, sinon elle risque de le déloger, bible à la main, lui et ses 200 domestiques, comme elle a fait récemment avec les mal logés.

Sinon Luc, tu vas finir par nous le rendre charmant ce dictateur terroriste qui dort sous une tente. C'est un vrai écolo.

N'empêche, libérer des gens en échange de centrales nucléaires, avions de guerre et engins meurtriers, c'est pas ça qu'on appelle une prise d'otage avec rançon?
Ah bah non, Sarko son "ami intime" l'a précisé à la télé: une prise d'otages c'est quand la RATP fait grève...

Je me demande qui sera le prochain ami intime qui lui rendra visite à l'Elysée... Bush, Poutine, le dictateur chinois Hu Jintao, Ben Laden ou Kim Jong Il?
Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es.

dimanche, 09 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

La prochaine pogne serrée pourrait bien être celle de Manuel Marulanda Vélez (Pedro Antonio Marín), alias Tirofijo (« Tir précis »), le patron des FARC, un terroriste-assassin-preneur d'otages notoire. Mais enfin, là, ce sera pour la bonne cause - sauf que, là encore, ça ne sera sans doute pas gratuit...

Euh... C'est bien un certain Nicolas qui avait dit à propos de Chirac en septembre 2006 : "Moi, au moins, je ne serre pas la pogne de Poutine"... Comme on change, en quelques mois !

dimanche, 09 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

Et en ce jour de la célébration de l'anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, "on" a oublié d'inviter Rama Yade (Secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires Etrangères, chargée des Affaires Etrangères et des Droits de l'Homme) à serrer la pogne de M. Kadhafi.

Dixit Rama dans Le Parisien" : "On ne m'a pas invitée. Moi ma journée sera consacrée à la célébration de la Journée des droits de l'homme".

La Secrétaire d'Etat chargée des Affaires Etrangères et des Droits de l'Homme avait aussi été "dispensée" du voyage à Pékin, au profit de l'égérie de Nicolas...

Décidément, elle m'est de plus en plus sympathique, cette Rama... Mais elle va bientôt se faire virer, ne pensez-vous pas ?

lundi, 10 décembre, 2007  
Blogger Jack said...

Je trouve génial le choix du dessin du Chek installé dans le salon du chateau de Moulinsard, on pourrait pousser le parallèle en parlant du fils absolument insupportable et incontrôlable qui bien qu'en âge de raison continue de faire des sottises en France, avec l'impunité que lui confère son statut.
Fallait-il où non recevoir le colonel avec ce faste? C'est un joli sujet de polémique: réal politique ou jusqu'où ne pas aller avec les régimes pourris?
Les Italiens ont une excellente position commerciale avec la Libye, en grande partie, il est vrai pour des raisons historiques.
Cela montre en tous cas qu'il n'est nul besoin de servir la soupe aux dictateurs pour commercer avec leur pays.
Croyez vous que Kedhafi puisse nous aider à faire juger les français prisonniers au Tchad en France ?
A moins qu'il ne donne un coup de main pour libérer Ingrid, qui sait? le colonel a tellement d'influence au prés des non alignés?

Pour diner avec le diable mieux vaut avoir une grande cuillère.

lundi, 10 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Rama Yade me perturbe quand même.
Lors de sa visite à Tripoli, elle affichait un sourire radieux en serrant la main de Kadhafi et hier (avant de se faire gronder par Sarko) elle a agit complètement differemment dans sun entretien.
http://www.lexpress.fr/imgs/2/46.jpg

Serait-ce par jalousie envers la courtisane aux dents longues de Sarko qui, elle, participe à toutes les sauteries?

mardi, 11 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

Le gouvernement français a pris le parti de la croissance à tous prix. "J'irai chercher le point de croissance qui nous manque", nous a promis Nicolas. On commence à entrevoir le prix de ce fameux point de croissance : c'est celui des grands principes, sur lesquels nous sommes dorénavant priés de nous asseoir...

Ca règle d'ailleurs le dilemme de Rama Yade : il serait bon que son ministère soit "provisoirement" mis entre parenthèses, le temps pour la France d'engranger suffisamment de contrats avec les voyoux...

mardi, 11 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

C'est sûr qu'elle laisse un goût amer cett visite, et ces grand sourires autour de poignées de main.
D'un autre côté: Kadhafi a changé de politique ces derniéres années et tente un rapprochement avec l'occident. Serait-ce intelligent de lui claquer la porte au nez? Je pense qu'il peut servir d'allier pour de futur dialogues avec les pays d'afrique du nord où il est très influent. En tout cas il ne peut pas faire pire que la méthode Bush du System-bombing en guise de dialogue.
Je pense pas que ca se limite aux contrats (petit bonbon pour les entreprises derriére la machine Sarko.). Il y a peut être aussi une volontée de Sarko de prendre la place de Blair auprès de Bush et de servire de futur intermédiaire pour le retour de discutions entre la Lybie et les USA?

mardi, 11 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Les français ont décidément la mémoire courte! Quand Le Mitterand préférait faire ses affaires en Crète avec le vilain lybien en 1984, bien en douce, ça ne scandalisait personne. Sarkozy a pour lui la franchise de faire ses affaires à domicile et d'en profiter pour rappeler au triste colonel qu'il lui reste un long chemin sur la route des droits de l'Homme, rejoignant ainsi Rama Yade car bien d'accord avec elle! Chapeau bas, mister President, pour votre courage et votre détermination. Et, après tout, si le vilain bédouin ramasse bien tous ses papiers gras après avoir enlevé les sardines de sa tente avant de partir, il aura fait son show pathétique sans salir d'autres draps que les siens et la France se sera enrichie. De plus, Rama Yade est en très bons termes avec Nicolas et leur politique en matière de diplomatie est beaucoup mieux huilée qu'il y paraît...
Tout cela me semble bien plus sain et direct qu'au temps où la France voulait sentir la rose et ne faisait que puer le cynisme et la mégalomanie de Mitterand qui nous ont coûté si cher que le pays ne s'en est encore pas relevé!

mardi, 11 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

Bien vu, Véro... Néanmoins, le fait que Mitterand faisait ses sales affaires en douce ne justifie pas que Nicolas fasse ses sales affaire au grand jour...

Je n'ai pas grand chose contre le fait de faire un contrat pour le nouvel aéroport de Tripoli, et d'autres pour le développement du réseau routier. Je n'ai rien contre le fait que la firme Veolia assainisse l’eau de Tripoli et coopérere avec la Libye dans le domaine du gaz et de l’électricité. Rien non plus contre le fait que la Lybie modernise sa flotte commerciale avec des Airbus.

Mais des armes, c'est un peu autre chose. Elles constituent au bas mot 50% des contrats en valeur. Car voyons un peu la géographie. Contre qui M. Kadhafi peut-il envisager d'utiliser ses nouveaux jouets que nous allons lui livrer ? A bien y regarder, ce sont pour l'essentiel des armement à faible portée (hélicoptères, chars d'assaut, missiles à faible portée). Ca vise donc les voisins immédiats : Tunisie, Algérie, Niger, Soudan, Egypte... et Tchad. Tiens donc, le Tchad... Un pays que le gentil colonel a toujours considéré comme faisant partie de la Libye (il avait proposé un accord de fusion des deux pays en 1981). Un pays faible et pauvre mais riche en ressources minières et pétrolières. Un pays sur lequel la France estime avoir un droit de regard (disons, "une mission"). Or donc, le jour où le colonel lancera ses chars (français) et ses missiles (français), se sera essentiellement contre des miltaires français... Ca me gêne un peu, vois-tu...

Quand aux centrales nucléaires "de dessalement d'eau de mer", c'est la meilleure blague qu'on m'ait fait depuis de nombreuses années en matière de nucléaire ! Vous avalez ça, vous ?

Moi, je veux bien qu'on commerce avec les voyoux pour le bien de notre croissance économique. Mais alors cessons de nous poser en champions des droits de l'homme et en défenseurs des opprimés. C'est l'un ou c'est l'autre...

mardi, 11 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

Ceci étant, on ne peut pas reprocher à M. Kadhafi d'avoir mauvais goût en "certaines matières", comme l'atteste cette photo de sa garde rapprochée
- et même très rapprochée peut-être ?

mardi, 11 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Juste pour Info:
- osmose inverse: 8KWh par m3 d'eau
- distillation: 60 KWh par m3
Donc oui, ça consomme beaucoup d'énergie de séparer eau et sel. Maintenant, je suis comme toi, je doute que les centrale ne servent qu'à ça...

mardi, 11 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

A ce jour, il me semble qu'il n'existe dans le monde aucune centrale de désalement d'eau de mer à énergie nucléaire dédiéé à cette tâche. Il y en a eu une implantée à Aktau, au Kazakhstan, qui a fonctionné de 1974 à 1999. Et quelques unités au Japon qui récupèrent la chaleur produite par des réacteurs traditionnels. En tous cas, la France n'en a jamais construit. Il semble évident que c'est possible, mais la technique d'osmose inverse est beaucoup plus prometteuse. La plus grosse usine de désalement par osmose inverse a démarré en 2005 à Ashkelon, en Israël, produite par le français Veolia.

C'est curieux, non, qu'on nous achète justement ce pour quoi nous n'avons aucune expérience (désalement nucléaire), et pas ce sur quoi nous avons une expérience indiscutable (osmose inverse). A moins, bien sûr, que le désalement ne soit pas vraiment l'objectif du Tyran...

mercredi, 12 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

Donc, maintenant qu'il est clairement établi que le Colonel n'a nullement l'intention de désaler quoi que ce soit, mais simplement d'accéder au rang de puissance nucléaire, et que notre gouvernement le sait bien, on peut se demander qui "on" cherche à tromper avec cette fable des centrales nucléaires "pour désaler l'eau de mer"...

Est-ce les français eux-mêmes ? Ou alors nos partenaires Européens - qui ne sont évidemment pas dupes... Ou le monde entier ? C'est vraiment prendre tous ceux que j'ai cité pour des c***, non ?

mercredi, 12 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Il faut le dire, de la part du dictateur Kadhafi c'est du grand art!

Venir dans un pays où on est honni et y semer une pagaille titanesque. Parvenir à confondre et à en ridiculiser le zébulonien président sur une chaîne de télévision publique. Réussir à se faire le chantre de ce sur quoi on l'attaquait, les Droits de l'Homme (ah ce "avant de parler des droits de l'homme, il faut vérifier que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits" !). En repartir enfin sous les vivats d'une partie (africaine) de sa population. Non vraiment, quoiqu'on pense du personnage, du grand art !

Quant à notre Zébulon aux ressorts anémiés, il lui restera à pleurer sa honte et son ridicule dans les papiers froissés de ses tristes contracts.

Pendant qu'on y est, lisez ce petit article sur la "possible" réalité des contrats...
http://www.liberation.fr/actualite/politiques/297412.FR.php

Greg, qui est fier de ne pas avoir voté pour cet amateur ami des psychopathes et des nantis, mais qui a honte de voir que la majorité des français voue un culte à la gloire de ce connard.

jeudi, 13 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Et pendant qu'on y est, un témoignage d'une journaliste française sur Kadhafi le violeur.

http://minilien.com/?Fr6lTMWLdi

Sympa le commentaire sur Sarko à la fin.

jeudi, 13 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

L'ennui d'une visite officielle de cinq jours, c'est qu'elle dure cinq jours... Allez, encore un peu de patience et il sera parti. On pourra souffler...

En tous cas, tout ça c'est pas bien grave, puisque l'essentiel des contrats mirifiques ne sont que de vagues projets dont les sociétés françaises ont à peine connaissance, semble-t-il ! Il ne faudrait pas quand même qu'il ne reste que les contrats d'armement...

jeudi, 13 décembre, 2007  
Blogger Luc said...

@ Tous : Merci pour tous vos commentaires !

Si j'ai fait cette note sur la tente de Kadhafi, c'est vous vous en doutez, pour voir un peu quelles seraient les réactions. J'ai bien sûr mon point de vue sur ce personnage, et j'aurai l'occasion d'y revenir.

Mais, juste pour alimenter le débat, saviez-vous que :

(1) Le 18 mai 2007, en pleine campagne présidentielle française, Kadhafi était en viste officielle ... en Grande Bretagne, et faisait, tenez-vous bien, une conférence à l'Université d'Oxford, dont vous pourrez lire le texte in extenso ici. Donc, quand vous entendez certains journalistes vous affirmer la France est le "premier pays" à recevoir Kadhafi, dites-vous bien qu'il ne s'agit là que d'une désinformation ordinaire.

(2) En 1989, Kadhafi a créé, tenez-vous bien, Prix Kadhafi des droits de l'homme, dont le premier lauréat a été Nelson Mandela, excusez du peu, qui est venu chercher son prix avec un large sourire ...

Je ne pense pas que vous trouverez ces infos dans la presse française !

Donc, là, j'ai parlé de sa tente, bientôt, je fais faire le point sur le bonhomme et sur le barnum auquel on a eu droit cette semaine ...

jeudi, 13 décembre, 2007  
Blogger Padraig said...

Visite officielle au Royaume Uni, c'est vite dit... Que le tyran ait été invité par l'Université d'Oxford pour une conférence est une chose, mais que le chef d'état du Royaume Uni lui ai déroulé le tapis rouge en est une autre... Je n'ai trouvé nulle trace d'une réception officielle de Kadhafi au Royaume Uni...

Et quand bien même il aurait été reçu en grande pompe au Royaume Uni, cela justifie-t-il que nous le fassions ?

Le prix à payer pour la libération des infirmières et du médecin est à ce prix, admettons. Maintenant, qu'il rentre chez lui avec sa smala et tout ira bien. Evitons quand même de lui livrer des armes dont il est probable qu'il se servira - peut-être même contre nous...

jeudi, 13 décembre, 2007  
Blogger Jack said...

Oui, comme déjà dit dans mon premier commentaire, les Italiens sont les premiers à faire du business avec la Lybie, sans pour autant servir la soupe à son dictateur...
Oui, il faut parler à tout le monde, rendre les honneurs, c'est autre chose.
Et se faire ridiculiser est encore un degré de plus que nécessaire.

vendredi, 14 décembre, 2007  
Blogger Luc said...

Voici un très intéressant article de Bernard Guetta paru dans Le Temps, journal suisse, et que je livre à votre réflexion :

La France, le colonel et l'art du possible

Bernard Guetta
Samedi 15 décembre 2007

Le colonel Kadhafi est de gauche. Si, si, non seulement de gauche mais le meilleur des socialistes aussi, l'homme qu'il faut au PS pour le sortir de son marasme, refaire son unité et lui permettre, enfin, de mettre Nicolas Sarkozy en difficulté.

Je sais. Vous vous demandez dans quel asile psychiatrique Le Temps va chercher ses chroniqueurs, mais les faits sont là. Il a suffi que le «Guide» libyen débarque en France pour que tous les socialistes parlent d'une seule voix, crient au scandale et se retrouvent à l'unisson de l'opinion et d'une bonne partie des élus de droite, leur majorité en fait, contre le président de la République, soudain dénoncé comme un marchand de soupe cynique, bradant l'honneur de la nation.

Plus Nicolas Sarkozy a fait valoir les contrats signés avec son hôte, plus les Français se sont voilés d'horreur, indignés que l'on vende les Droits de l'Homme pour 10 milliards d'euros. Si ce colonel n'avait pas existé, la gauche aurait dû l'inventer mais, en l'occurrence, c'est le président qui a raison.

Il a eu raison, trêve d'ironie, de s'être si vite converti à la «realpolitik» que le candidat Sarkozy pourfendait si vigoureusement car la politique du réel vaut infiniment mieux que celle de l'irréel.

Le colonel Kadhafi est tout ce qu'on sait. C'est un dictateur mégalomane dont le régime a fait exploser en vol deux avions de ligne et pris pour boucs émissaires les infirmières bulgares et le médecin palestinien, sauvagement torturés pour leur faire avouer des crimes imaginaires.

Cet homme est odieux, parfaitement infréquentable mais le fait est, aussi, que nous ne vivons pas du tout dans un monde fréquentable, que la torture est effroyablement répandue, que l'Amérique elle-même, la plus puissante des démocraties, n'a pas hésité à y recourir au nom de la lutte contre le terrorisme et que les pays démocratiques, même si leur nombre s'est accru, ne constituent qu'une minorité dans le concert international.

Or ce monde, il faut bien faire avec - ne pas en prendre son parti, surtout pas, tenter de le faire évoluer mais ne surtout pas, non plus, tomber dans l'illusion consistant à croire que les démocraties pourraient imposer les libertés sur les cinq continents ou vivre en vase clos, tournant le dos aux pays où la séparation des pouvoirs n'est pas respectée, même en mots.

Qu'on le veuille ou non, la plupart des économies sont complémentaires. Tous les pays ont besoin d'exporter et d'importer. Le commerce international n'est pas qu'une question de taux de profit mais une nécessité pour tous sans laquelle l'Arabie saoudite, par exemple, serait un désert et le reste du monde en panne sèche sans que quiconque s'en porte mieux, ni les hommes ni la liberté.

Nous le savons si bien qu'une visite d'un dirigeant chinois ne provoque, nulle part, le dixième des protestations suscitées par la venue du «Guide» en France bien que la Chine ne soit pas un plus grand modèle que la Libye.

En démocratie, les partis, la presse, les élus peuvent dire ce qu'il faut dire d'un colonel Kadhafi.

Plus qu'un droit, c'est un devoir, mais un Etat, son gouvernement et son chef ont d'autant plus de raisons, eux, de recevoir un tel personnage qu'il vaut beaucoup mieux lui dérouler le tapis rouge que partir en guerre - ou ne rien faire - pour lui arracher la libération des infirmières après avoir obtenu sa renonciation à l'arme nucléaire. Il n'y a pas de quoi se réjouir mais la morale des relations internationales n'est qu'une question de «moins pire».

samedi, 15 décembre, 2007  
Anonymous Anonyme said...

Cet article reflète bien ce que je pense. Merci, Luc, pour cet angle de vue tout à fait réaliste.

samedi, 15 décembre, 2007  

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