Le face à face des néo-cons
Le très conservateur président Mahmoud Ahmadinejad a donc décidé de se payer Israël. Et il s'engage pour ça dans une escalade verbale qui nous laisse pétrifiés.
Il a commencé le 26 octobre en reprenant une formule de l'ayatollah Khomeiny: «Israël doit être rayé de la carte» devant des étudiants participant à une conférence intitulée «Le monde sans le sionisme».
Il a continué le 8 décembre, dans une interview à l'issue du sommet de l'Organisation de la Conférence islamique à La Mecque, en suggérant que «le problème (soit) réglé à la racine» en exhortant «l'Allemagne et l'Autriche (à donner) deux ou trois de leurs provinces au régime sioniste».
Et il remet ça le 14 décembre, lors d'un rassemblement devant plusieurs milliers de personnes dans la province du Sistan-Baloutchistan, en déclarant : «Ils (les Occidentaux) ont inventé le mythe du massacre des juifs et le placent au-dessus de Dieu, des religions et des prophètes. Si quelqu'un dans leurs pays met en cause Dieu, on ne lui dit rien. Mais si quelqu'un nie le mythe du massacre des juifs, les haut-parleurs sionistes et les gouvernements à la solde du sionisme commencent à vociférer». Et il continue en suggérant aux Occidentaux d'implanter un Etat juif «en Europe, aux Etats-Unis, au Canada ou en Alaska». «Si vous dites vrai que vous avez massacré et brûlé six millions de juifs durant la Seconde Guerre mondiale (...) Si vous avez commis ce massacre, pourquoi sont-ce les Palestiniens qui doivent en payer le prix? Pourquoi, sous prétexte de ce massacre, êtes-vous venus au coeur de la Palestine et du monde islamique? (...) Pourquoi avoir créé un régime sioniste factice?»
En écoutant le néo-conservateur Mahmoud Ahmadinejad s'en prendre à Israël, on ne peut pas ne pas faire le parallèle avec le néo-conservateur George W. Bush s'en prenant à l'Irak (le voisin de l'Iran).
En effet, George W.Bush a, de la même façon, stigmatisé le 29 janvier 2002 un «Axe du Mal», comprenant d'ailleurs l'Irak, mais aussi l'Iran. Il a aussi inventé des mensonges (armes de destruction massive) pour justifier son attaque de l'Irak. Il a aussi éructé des phrases provocatives : «The game is over», «Tous ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi», et le trop fameux «Bring them on !». Depuis ces phrases, il y a eu 100000 morts en Irak. Bush a reconnu lundi dernier à Philadelphie : «30,000 have died, more or less». C’est la première fois qu’un chiffre est avancé officiellement à Washington. Jusqu’ici, la consigne renvoyait à la phrase célèbre du général Tommy Franks : «We don’t do body counting.»
Nous voici donc avec deux fous dangereux, face à face. Bush en Irak avec l'arme nucléaire en poche, et Ahmadinejad en Iran qui est en train de s'en fabriquer une.
La suite, vous voyez ça comment ?
Pour en savoir plus :
1. Ahmadinejad persiste et scandalise (La Libre Belgique)
2. Iran, la fuite en arrière (Le Monde)
3. Axis of evil (Wikipedia)
4. Pour quelques milliers de morts de plus, “plus ou moins”… (dedefensa.org)
5. The game is over, Bush tells Saddam (The Age)
6. Bush: "Bring them on." (USA Today)
Crédit dessin : Khalil Abu Arafeh via Guerilla Radio
Libellés : Bush
13 Comments:
Il nous faut un Lee Harvey Oswald qui ne se fasse pas prendre, cette fois ci, pour avoir le temps de butter l'autre.
Le problème n'est pas que l'un est un décérébré et l'autre un débile profond, le problème est avant tout religieux. Et tant que la religion aura autant la main mise sur le quotidien des gens (alors une république islamiste...), on ne sera pas sorti de la merde.
Au passage, on remarquera que c'est au terme d'un processus démocratique tout à fait régulier que ces deux Présidents ont obtenu leur charge. On se prend à se demander si notre sacro-sainte démocratie dont nous voulons à tout prix faire profiter le monde est un système aussi parfait qu'on le clâme...
"On" n'a jamais dit que la démocratie était parfaite. Mais, à priori comme à posteriori, c'est ce qu'il y a de mieux. Disons, de moins pire. Comme si le fait qu'une connerie demandée par x millions de personnes devenait plus légitime qu'une autre faite par une seule personne. Je me gausse...
J'ai souvent rêvé d'une vraie aristocratie (au sens grec, bien entendu, c'est à dire de confier le pouvoir aux meilleurs - aristos = le meilleur). Le problème est évidemment le processus par lequel serait désigné "le meilleur". Processus de sélection par les études (genre grandes écoles qui sont sensées sélectionner la crème de la crème) ? Par une évaluation de la valeur morale ? Par une évaluation d'un parcours humain au service de la collectivité ?
Finalement, c'est un peu notre système français, qui, tout compte fait, est plus aristocratique qu'autre chose... Jusqu'à présent, il nous a évité d'avoir un Mahmoud Ahmadinejad comme Président... Mais voyons ce que notre système nous réserve pour les élections de 2007 avant de nous féliciter nous-mêmes !
Le plus grand problème dans cette histoire ne sont pas les propos du président iranien. Ne soyons pas naif. Il n'a fait que répéter publiquement l'opinion de certains milieux (hou là je prends des gants) d'une majorité d'Etat Arabes ou Islamisques. Israel n'est pas un Etat pour la majorité des pays Arabes.
Le problème c'est que nos nations démocratiques occidentales n'ont élevé que de faible protestations verbales contre ces propos. Rien de concret. Pourquoi ? Mais pour vendre nos Airbus et créer des emplois... c'est un raccourci caricatural je l'admet.
Le problème c'est que aucun Etat Arabe ou Islamique n'a protesté. profil bas. Pourquoi ? là c'est plus dur. Le Monde Arabe et/ou Islamique n'est pas uni et je suppose que polémiquer ou ouvrir un débat public sur le sujet pourrait mettre le feu à la poudrière.
Alors voilà, on continue de laisser faire, et Bush et Ahmadinejad.
Concernant la démocratie, il faut faire attention. C'est le meilleurs système quand les politiciens sont à la hauteur des ambitions du peuple. Ce qui je l'avoue est de moins en moins le cas. La déconfiture du PS a découragé pas mal de monde et permis à LePen de passer le premier tour et cela risque de se reproduire.
La démocratie, si l'on ne s'en sert pas s'use et permet petits et grands extrêmes. Mais la démocratie c'est nous. Si l'on se décourage, ce sont les minorités aux tendances extrèmes qui mènent le troupeau (nous). Je n'ai aucune solution simple à apporter. Mais la solution c'est à nous de la chercher par le dialogue et l'engagement. C'est ce que vous faite, entre autre, sur ce blog non ?
hou je m'emporte, je m'emporte, je pourrait en couvrir des pages. désolée. :)
Je trouve que les Israéliens sont très stoïques, dans cette affaire... Que dirions-nous si un chef d'Etat étranger prétendait éradiquer la France de la carte du monde et envoyer tous les Français en Alaska ?
je dirais plutot que les Israéliens ont bcp d'humour : c'est un peu comme quand je me fait traiter de fils de p*t* par exemple : ça me fait rire. Quant à la première nation qui osera vouloir nous rayer de la carte, j'attends... ;-)))
Dans les pays arabes, on ne prononce même pas le nom d’Israël, on dit « la Palestine occupée ». Le président Iranien ne fait donc que dire tout haut ce que pensent tous les pays arabes (même si le Iraniens sont des Perses)
S’il est choquant (et inacceptable) qu’il ose remettre en cause l’histoire et l’holocauste, la question du lieu idéal pour reconstituer l’état d’Israël est une vraie question, d’un point de vue non Juif.
Qui a chassé les Juifs de leur pays déjà et quand ?
N’était-ce pas un Empereur romain ?
Avant même l’apparition de l’Islam !
Le problème est que le retour en Palestine appartient aux mythes fondateurs de la religion, elle est même au cœur de celle-ci.
Faut-il confondre religion et état, faut-il faire un état pour chaque ethnie et chaque religion ?
Vue par les palestiniens, la création de l’état d’Israël n’est ni plus ni moins qu’une invasion, la poudrière fut « inventée » à ce moment là.
Lorsqu’après la guerre, l’occident laissa, et encouragea la création de l’état hébreux on mettait en place le début de ce qu’il faut bien appeler une colonisation. ( les colons : n’est ce pas le nom que l’on donne aux Israéliens implantés en zone occupée)
Il est bien tard et vain de revenir sur tout cela et ce Président est un va-t-en guerre, tout comme celui qui sévit à la maison blanche.
Les va-t-en guerre trouvent toujours une bonne raison pour la faire.
Mais vous remarquerez que jusqu’à présent, l’agresseur n’est pas Iranien.
Saddam a : avec le soutien de ses alliés occidentaux de l’époque attaqué l’Iran. (Guerre terrible ou l’on envoyait des enfants se faire massacrer par milliers).
Puis l’Amérique a envahi l’Irak.
Par ailleurs l’embargo Américain avec l’Iran, remonte à l’affaire des otages.
Pour rester objectif, il faut mentionner le soutien actif de l'Iran a de de nombreux mouvements terroristes.
Alors cette gesticulation n’est peut-être qu’une manière de rappeler à l’Amérique qu’elle n’est pas encore maitresse du M.O.
Et l’Europe dans cette zone là, combien pèse-t-elle ?
Elle arrive tout juste à voter son budget !
Vicnent, je ne suis pas sûr du tout que les Israéliens puissent prendre ce genre de déclaration avec humour. Pas eux. Nous, on pourrait en rire, mais pour eux, ce n'est certainement pas un sujet de plaisanterie...
Jack, tu évoques la création de l'état d'Israêl. Juste une précision : en 1947, les autochtones de Palestine étaient composés d'environ 1/3 de juifs et 2/3 d'arabes.
Patrick,
Le sionisme et le début de l’émigration Juive en Palestine remonte à la fin du 19ième, les premiers kibboutz remontent au tout début du 20iéme.
En 1947 la création de l’état d’Israël entérine 50 ans plus tard cette migration, vécue par les autochtones comme une invasion.
Après l’holocauste, la communauté internationale avait énormément à se faire pardonner et ne pouvait rien refuser aux survivants.
Nous devons à la vérité historique cette précision sur ce tiers de Juifs en Palestine au moment de la naissance d’Israël.
J'ajoute que cette migration était alimentée, au moins en partie, par les persécutions que subissaient les Juifs d'Europe centrale : tout cela pour dire que l'état d'Israël trouve ses racines dans l'antisémitisme Européen.
C'est une facette du discours de Mahmoud Ahmadinejad...sauf que l'holocauste n'est pas un mythe mais une monstrueuse réalité.
Merci de ces précisions historiques, Jack.
Aujourd'hui, le Président Mahmoud Ahmadinejad s'est enfin occupé de choses sérieuses en jetant l'anathème sur la musique occidentale, désormais interdite de diffusion à la radio et la télévision iranienne.
Chassez les Talibans ici, ils réapparaissent là...
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