La théorie des dominos
Le 11 septembre 2001, l'organisation Al-Qaida lance sur l'Amérique une attaque terroriste sans précédent. La seule et bonne réponse est de partir à l'assaut d'Al-Qaida et de ne baisser les bras que quand Osama Ben Laden est mis hors d'état de nuire, ainsi que tous ses principaux lieutenants. C'est ce qui est fait dans un premier temps en Afghanistan, avec l'appui des forces du monde entier (y compris la France).
Si Bush s'en était tenu à ça, il n'y aurait pas pu avoir d'amalgame, et le message était clair.
Au lieu de ça, il a décidé dans un deuxième temps de désigner un "axe du mal" et de s'en prendre à l'Irak, qui n'était absolument pour rien dans les attentats du 11 septembre. Du coup, le message a changé : le monde arabe a interprété que Bush les mettait tous dans le même sac, et a réagit en conséquence.
Que s'est-il passé depuis que Bush a envahi l'Irak le 21 mars 2003 ?
- 3 août 2005 : Mahmoud Ahmadinejad est élu président de l'Iran, et, dans la semaine qui suit son élection, il décide de relancer leur programme nucléaire.
- 27 janvier 2006 : le Hamas remporte les législatives en Palestine.
- 25 février 2006 : l'Irak bascule dans la guerre civile.
- 12 juillet 2006 : le Hezbollah attaque 2 jeeps israeliennes, et capture deux soldats israélien. Et le 13 juillet, Israël lance une attaque massive sur tout le territoire du Liban avec pour objectif l'élimination du Hezbollah.
- 27 juillet 2006 : à Seattle, un américain musulman rentre dans un centre communautaire juif et ouvre le feu. Une femme est tuée et cinq autres sont blessées. Il déclare "Je suis un Américain musulman. Je suis en colère contre Israël".
- 27 juillet 2006 : à Baïdoa en Somalie, des hommes armés abattent Abdallah Deerow Isaq, ministre du gouvernement de la Somalie devant une mosquée. C'était un des ministres qui était resté au gouvernement, suite à la démission de 18 autres ministres le jour d'avant. Le 27 juillet également, des miliciens islamiques ont coupé les accès à l'aéroport de la capitale et évacué les curieux alors qu'un avion déchargeait sa cargaison. La prise de pouvoir de la milice islamiste inquiète beaucoup les Etats-Unis qui accusent le groupe d'héberger des chefs du réseau Al-Qaïda responsables des attentats meurtriers de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Toute la corne de l'Afrique, du Darfour à la Somalie, en passant par l'Ethiopie est en train de basculer dans la guerre.
A propos de l'Irak, et en l'absence de la moindre trace d'arme de destruction massive qui avait servi de faux prétexte à l'invasion anglo-américaine, Bush avait expliqué qu'il allait installer la démocratie en Irak (à la force du canon ?), et que, grâce à la théorie des dominos, ça allait faire tache d'huile dans tout le monde arabe.
Effectivement, ça fait tache d'huile et les dominos sont en train de tomber un à un, mais pas du côté de la démocratie. Et, pendant ce temps-là, Ousama Ben Laden court toujours ...
Pour en savoir plus :
1. 2006 Israel-Lebanon conflict (Wikipedia)
2. Tirs sur un centre juif de Seattle (Nouvel Obs)
3. Un ministre somalien abattu devant une mosquée à Baïdoa (Nouvel Obs)
Crédit dessin : All Hat No Cattle
7 Comments:
Tu nous l’avais prédit, Luc lorsque nous avons vu arrivé ce cowboy, avec ses bottes son ceinturon et son chapeau Texan comme candidat à la présidence des EU, on pouvait craindre le pire, et bien nous l’avons eu et deux fois par-dessus le marché.
Dur de garder espoir certains jours, puisque l’eau se fait rare aussi, on va se mettre au pinard. (enfin çà c’est pour ceux qui n’ont pas le vin triste)
Oui... Pour l'Irak, mon opinion est que les choses auraient peut-être été un peu différentes si "certaines" nations amies de l'Irak n'avaient pas laissé croire à Saddam qu'il pouvait impunément braver l'ONU et rejeter la résolution 1441... Mais, bon, c'est fait, c'est fait...
C'est dans ces situations qu'on peut regretter l'absence d'une vraie Europe parlant d'une seule voix... Mais, bon, là aussi...
Malheureusement, l'opposition à laquelle on assiste est sans doute un phénomène géo-historique contre lequel on ne peut pas grand chose. Si Bush n'était pas là, les choses iraient-elles mieux ? Bush, c'est juste celui par qui passe l'histoire, mais ce n'est pas lui qui fait l'histoire (ce serait bien présomptueux de reconnaître à cet homme la capacité de changer vraiment le cours de l'histoire). Cette opposition avait commencé bien avant Bush, et elle continuera bien après Bush...
@ Patrick : "Bush, c'est juste celui par qui passe l'histoire, mais ce n'est pas lui qui fait l'histoire (ce serait bien présomptueux de reconnaître à cet homme la capacité de changer vraiment le cours de l'histoire)."
Bush, l'homme le plus puissant de la Terre, ne fait pas l'histoire ? Je ne suis pas d'accord. L'invasion de l'Irak, c'est sa décision à lui et à lui tout seul. Seul contre tous d'ailleurs (à part, bien sûr Tony Blair, dit "the poodle").
Et si attaquer un pays qui ne vous a même pas menacé, détruire ses infrastrucures et le plonger dans la guerre civile ça n'est pas "faire l'histoire", alors je me demande ce que c'est ...
Si Bush s'était contenté de continuer à lire des histoire de chèvres dans les maternelles, ce serait différent. On n'en serait sans doute pas là. Mais non, il s'est découvert une vocation de cowbow pétrolier créationiste, et depuis il fout le bordel partout.
Intéressant débat : Les hommes politiques font-ils l'histoire, ou est-ce l'histoire qui fait les hommes politiques ?
Est-ce l'histoire (la seconde guerre mondiale) qui a "fait" Churchill, ou est-ce Churchill qui a "fait" l'histoire ?
Est-ce l'histoire de l'Allemagne (la dégringolade économique à la suite du traité de Versailles) de l'Allemagne qui a "fait" Hitler, ou est-ce Hitler qui a "fait" l'histoire ?
Est-ce l'histoire (le 11 septembre) qui a "fait" Bush, ou est-ce Bush qui "fait" l'histoire ?
C'est sans doute la conjonction des deux thèses qui est vraie. L'histoire révèle un homme qui est dans le droit-fil de l'histoire, et cet homme mène alors l'histoire un cran plus loin...
Luc, je crains que le successeur de Bush ait beaucoup de mal à aller contre l'inexorable déroulement de l'histoire – dont nul ne connaît l’issue, évidemment... Tout au plus pourra-t-il influer un tout petit peu dessus (en mieux comme en pire)...
@ Patrick : "Les hommes politiques font-ils l'histoire, ou est-ce l'histoire qui fait les hommes politiques ? "
Réponse : les deux, mon capitaine.
A certains moments de l'histoire, effectivement, l'histoire fait l'homme, en ce sens qu'elle le met "aux manettes" avec des pouvoirs exhorbitants.
La deuxième Guerre Mondiale a "fait" Churchill. Churchill pouvait tout demander aux Anglais. Il a pris les bonnes décisons, et c'est un héros de l'histoire.
La crise économique en Allemagne a porté Hiltler au pouvoir. Il avait tous les pouvoirs et il était libre de faire ce que bon lui semblait. Ca a été un désastre monstrueux. C'est lui qui a "fait" la deuxième guerre mondiale, la shoah, etc, etc, etc ... C'est lui, qui, porté au pouvoir par l'histoire (effectivement), a "fait" l'histoire qui s'en est suivi. D'ailleurs, quelque part, si Hitler avait foutu la paix au peuple juif, il n'y aurait pas eu la création de l'état d'Israel, et on n'en serait pas là où on en est aujourd'hui ... Pour te dire qu'on paye encore aujourd'hui les conséquences des initiatives d'Hitler ...
Le 11 septembre a donné effectivement tous les pouvoir à Bush, liberté totale d'agir comme bon lui semble, avec la certitude que la presse la bouclera pour ne pas être taxé d'anti-patriotisme. Alors, quand il a compris ça, il a fait "son" histoire : il a envahi l'Irak, il a fait le Patriot Act, etc ... La liste est longue. Et je pense que le monde mettra des décennies à se relever des conséquences des décisions de Bush.
A chaque fois, c'est le même scénario. L'histoire "fait" un homme, au sens où elle se confie à lui et lui donne les pleins pouvoirs. Ensuite, l'histoire "est faite" par cet homme mis dans cette situation. Pour Churchill, ça a été un héros. Pour Hitler et Bush, ça a été un désastre.
On peut noter que, pour un même homme, ça peut avoir des résultats successifs opposés : Pétain a été un héros de la Première Guerre Mondiale. Le même homme a été un "collabo" pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Mais, me diras-tu, était-ce vraiment le même homme ?
@ Patrick : tout ça pour dire que ton argumentation pour essayer de dédouaner Bush de ses responsabilités ne tient pas la route.
Je pense.
Le Président des Etats Unis d'Amérique, qui qu'il soit, Bush ou pas Bush, a dû, doit et devra assurer un accès sûr aux ressources pétrolières sur lesquelles toute l'économie de son pays est basée. Si cet approvisionnement est menacé, c'est l'asphyxie, et là, le pire (vraiment le pire) est à craindre.
Bush et le prochain Président seraient bien inspirés de prendre d'urgence la seule mesure possible : une relance massive de la construction de centrales nucléaires, et de mettre en place des structures pour en sur-sécuriser l'exploitation. Et si en toile de fond, comme on le dit, les ressources pétrolières vont diminuer dans les prochaines années, il y a très grande urgence !
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