Bon, sur ce coup-là, je vais essayer de rester calme et objectif, mais ça va pas être facile. Je suis plutôt énervé, je dois vous dire.
Le sommet de Copenhague a été une catastrophe historique.
Au bout de quinze jours de débat,
et après deux ans de négociations préalables, c'est le fiasco. Mercredi dernier, la présidente de conférence, Connie Hedegaard a donné sa démission. C'est vous dire où on en est. ! Reste plus qu'à attendre l'arrivée des chefs d'Etats et de Gouvernements.
Nicolas Sarkozy fait le forcing avec Angela Merkel et Gordon Brown. Il liste les 4 points clé de cet accord :
- Objectif de 2 degrés de hausse maximale de la température globale
- Réduction de 50% en 2050 des émissions de gaz à effet de serre
- Mise en place de financements innovants pour aider l'Afrique et les pays les plus pauvres à se développer
- Création d'une organisation mondiale de l'environnement pour vérifier les engagements
Sarkozy essaye de trouver un accord avec l'appui de certains représentant africains et du brésilien Lula da Silva. Mais l'Inde et la Chine bloquent sur la question de la création d'une agence mondiale de contrôle.
Arrive Barack Obama. Ils nous fait un discours, genre, c'est "my way or the highway". A prendre ou à laisser. Il conclut un accord à minima avec l'Inde, la Chine, le Brésil et l'Afrique du Sud. Ensuite, il fait une petite réunion avec les leaders européens en leur expliquant que "c'est ça ou rien". Puis il reprend l'avion vite fait, vu qu'il neige sévère à Washington.
Nicolas Sarkozy se sera démené comme un beau diable pendant 24 heures chrono pour rien.
Notez bien, sur ce coup-là, même Jack Bauer n'aurait rien pu faire.
Résultat des courses :
- Un objectif de limitation du réchauffement à + 2 °C.
Et puis c'est tout.
Rien sur l'objectif de limitation de réduction de 50% des émission de gaz à effets de serre à horizon 2050.
Rien sur un organisme de contrôle mondial de l'environnement sous l'égide de l'ONU.
Et donc rien sur la garantie que le pognon qui va (peut-être) être distribués dans les pays les plus pauvres servira bien à ce pourquoi il a été débloqué, et pas à autre chose ... Suivez mon regard, je ne désigne personne !
Aucune contrainte pour qui que ce soit.
Et les 26 pays industrialisés et émergents qui ont adopté ce accord se sont barrés vite fait de Copenhague, sans expliquer le moins du monde aux autres chefs d'Etat et de gouvernement présents à Copenhague de quoi il retournait. Du coup, les 166 autres pays participants se sont bornés samedi à "prendre note" sans l'entériner de "l'accord de Copenhague", scellé la veille en réunion restreinte de crise.
Comment expliquer un tel fiasco ?
Sans doute l'objectif était-il trop ambitieux ? Mais tout de même, comme le faisait remarquer Nicolas Hulot, un accord d'une telle ampleur ne s'improvise pas à la dernière minute.
"C'est de l'improvisation, cela faisait deux ans qu'on travaillait pour arriver à ce résultat", a-t-il déclaré à l'AFP.
"C'est consternant et affligeant. La diplomatie française, avec (le président) Nicolas Sarkozy et (le ministre de l'Ecologie) Jean-Louis Borloo, a été en pointe. Ils ont fait leur boulot", a-t-il déclaré.
"Quand ça ne va pas, il faut le dire mais quand ça va, il faut le dire aussi", a-t-il ajouté.
Bien sûr, la France à elle toute seule ne pouvait pas amener cette conférence à un succès. Mais je m'étonne quand même qu'on ait "découvert" les points de blocages de l'Inde et de la Chine juste deux jours avant la fin de la conférence ...
Là, on vient de rater une opportunité historique. Et là, on est mal.
Pour en savoir plus :
1.
Copenhagen Accord (fichier .pdf)
2.
Conférence de Copenhague: l'amertume d'un accord a minima sur le climat (AFP)
3.
Nicolas Hulot: le résultat de Copenhague est "affligeant et consternant" (AFP)
Crédit photo : Greenpeace