Le week-end dernier, on s'en souvient, les dirigeant du PS s'étaient montrés totalement incapables de dégager une ligne politique et de désigner le successeur de François Hollande à la tête du parti. Les dirigeants avaient alors décidés de s'en remettre au vote des militants.
Le premier tour a eu lieu jeudi soir, et les trois candidats en lice ont obtenu :
- Ségolène Royal : 42,9% des voix.
- Martine Aubry : 34,5%.
- Benoît Hamon : 22,6%.
Devant l'éventualité que Royal gagne cette élection
tous les ténors du Parti ont appelé à voter
"en masse" pour Aubry : de Jack Lang à François Delanoë, en passant par Benoît Hamon, Lionel Jospin, Henri Emmanuelli, etc ... C'est le "TSS" ("Tout Sauf Ségolène") dans toute sa splendeur !
Royal, elle, n'a guère eu comme soutien notabe que le sulfureux
Georges Frêche ...
Et, ce matin, à 5h41, les résultats officiels et définitifs sont tombés :
- Martine Aubry : 67.413 voix, soit 50,02%.
- Ségolène Royal : 67.371, soit 49,98%.
- Bulletins blancs ou nuls : 2.332.
- Taux de participation : 58,87%
Martine Aubry est élue avec seulement 42 voix d'avance. Inutile de dire que Royal l'a mauvaise, elle qui avait fait annoncer à 1 heure du matin "
sa nette victoire" ! Alors, à 4h21, avant même que les résultats soient proclamés, elle demande un nouveau vote des militants jeudi prochain pour élire le premier secrétaire du PS, en contestant le scrutin du deuxième tour. Au congrès de Reims, sûre de sa victoire, elle avait claqué la porte de "la commission des résolutions", et avait déclaré s'en remettre au vote des militants. Et là elle refuse le verdict des urnes.
Il faut dire que Ségolène "a envie". Le 15 septembre, elle avait déclaré avoir mis sa candidature à la tête du PS "au frigidaire", pour calmer les esprits. Mais le 11 novembre, elle annonce au 20 heures qu'elle "en avait envie". Notez bien, quand elle nous avait fait son show évangélique au Zénith, on s'en était douté un peu.
Seulement voilà, celle que certains surnomment
la Sarah Palin du Parti Socialiste fait peur. La "creusitude" de son discours populiste séduit principalement les couches populaires des militants socialistes. Les enseignants, et plus généralement les militants qui ont un plus haut niveau d'éducation, sont désarçonnés par ses prises de positions, et ils forment le gros des troupes du "TSS". Par exemple, dans une section du PS, dans l’Est de la France, on pouvait entendre cette nuit
une jeune étudiante en Sciences sociales déclarer, les larmes aux yeux :
"Comment les Français peuvent-ils être aussi cons et naïfs ! Ils ne voient rien. C’est la candidate TF1. On ne réfléchit plus, on adore ! Elle est folle. Elle tout foutu en l’air. 50/50…Plus rien ne sera comme avant." Alors, maintenant, que va-t-il se passer ?
Eh bien c'est très simple :
François Hollande va convoquer mercredi prochain un Conseil national du parti, qui va valider statutairement les résultats, consacrant la victoire de Martine Aubry.
Ségolène Royal, pour assouvir ses envies et ses désirs d'avenir, va claquer la porte du Parti pour fonder un nouveau parti, comme l'a déjà fait
Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon a appelé son nouveau parti :
"Parti de gauche". Comment Ségolène Royal va-t-elle appeler son nouveau parti tout neuf ? Je propose
"La Gauchitude" !
Sympa,non ?
Pour en savoir plus :
1.
42 voix d'écart entre Aubry et Royal, le parti sombre dans l'affrontement (AFP)
2.
La direction du PS donne Aubry gagnante... de 42 voix (Libération)
3.
Royal demande un nouveau vote, Aubry ne veut pas (Libération)
4.
PS : de pire en pire (Primo-Europe)
5.
Congrès PS de Reims : anatomie d'un naufrage (Chez Luc)
Crédit photo : AFP