Il y a quatre ans de cela
(déjà !!),
dans Gaïa, je vous avais expliqué que nous vivions sur une croûte terrestre de 30 à 100 km d'épaisseur qui flottait sur un océan de magma de lave liquide. ( lire "
Le noyau de la Terre tourne plus vite que l'écorce terrestre"). Et j'avais terminé mon papier par ces mots :
"Retenez bien ce point important, j'aurai l'occasion d'y revenir ...". Eh bien voilà : j'y reviens !
Donc en fait, la croûte terrestre est une couche solide, d'une épaisseur très variable, qui flotte sur de la lave liquide qui est en dessous. La couche qui sépare la croûte terrestre du magma s'appelle
La discontinuité de Mohorovičić ("Moho" pour les intimes), et est repérée en "A" sur le schéma ci-dessus.
Bien sûr, cette croûte terrestre est plus épaisse sur les continents que dans les fond marins. A titre d'exemple, voici la carte de la profondeur de la couche Moho en Europe, qui a été établie par l'
Institut de Géophsique de l'Université de Varsovie :
Alors, une fois qu'on a réalisé que la croûte terrestre était "montée sur roulements à billes", on réalise qu'elle peut librement se déplacer sur le globe terrestre qui, lui, a un axe de rotation qui ne bouge pas (si l'on oublie la précession des équinoxes) à cause de la force gyroscopique.
Alors, rappelons-nous que la Terre fait un tour complet en 24 heures. A l'équateur, quarante mille kilomètres en 24 heures, ça nous fait quand même une vitesse supérieure à 1600 km/h, excusez du peu ! Rappelons-nous que la Terre "tourne" vite, et que les continents sont un peu les "masselottes" de la "roue Terre". Vous avez déjà roulé à 130 km/h avec une roue mal équilibrée ?
Avec cette image en tête, regardons attentivement une mappemonde. On constate quoi ?
Eh bien, on constate que les "masselottes" sont assez régulièrement réparties autour du globe. Au pôle Nord, rien. Dans l'hémisphère Nord, tous les continents. Dans l'hémisphère Sud, tous les océans. Au pôle Sud : l'Antarctique.
Donc, les masses sont réparties
de façon à avoir la meilleur répartition de masse possible sur la circonférence du globe. Est-ce un hasard ? Non, bien évidemment.
Et, pour en arriver là, le Pôle Nord, vu de la croute terrestre montée sur roulements à bille, a souvent changé de place. C'est ce qui est très bien expliqué dans l'ouvrage de Charles Hapgood :
"The Path of the Pole".
Seulement voilà : les glaces du Groendland sont en train de fondre à grande vitesse, et donc, voilà une masselotte qui est en train de maigrir à vue d'oeil. Alors, si la croûte terrestre va se déplacer pour trouver un nouvel équilibre, ça va secouer méchant, moi je vous le dis. Méchant comment ? Regardez la dorsale atlantique par exemple, ça vous donnera une idée :
Il faut savoir que, vu sa vitesse de rotation, la Terre est un peu "ventrue" à l'équateur. Donc, chaque fois que sa "peau" glisse (que la croûte terrestre se déplace) ça laisse des cicatrices. Ces cicatrices sont invisibles sur les terres émergées à cause de l'érosion. Par contre, elles sont intactes au fond des océans. et, maintenant que vous avez compris d'où elles viennent, leur signification est d'une simplicité aveuglante : chaque pli que vous voyez sur l'image ci-dessus correspond à un déplacement brutal des pôles ...
Pour l'instant, le pôle Nord il est sagement là, au milieu de l'image ci-dessous. Pour combien de temps encore ?
Vous reprendrez bien un peu de kouglof ?
Pour en savoir plus :
1.
La discontinuité de Mohorovičić (Wikipédia)
2.
The Mohorovičić discontinuity (Wikipedia)
3.
European Moho depth map (Instytut Geofizyki Uniwersytet Warszawski)
4.
Le noyau de la Terre tourne plus vite que l'écorce terrestre (Gaïa - septembre 2005)
5.
"The Path of the Pole", by Charles Hapgood (Amazon.com)
6.
Icemelt Could Shift Earth's Rotation, Moving Water Northward (The Huffington Post)
Crédit image : Instytut Geofizyki Uniwersytet Warszawski