Depuis quelques temps déjà je voulais apporter un peu du soleil de Provence et participer aussi à la diffusion du Provençal : langue merveilleuse pour conter des histoires.
Ce texte est signé de son auteur Michel Lambert, homme de lettre amoureux de cette belle langue, que je remercie .
Lou pot de mèu de Margarido Dins la carriero dóu Pichot-Pous à Sant Roumié vivié uno courduriero que ié disien Margarido. Aquelo Margarido èro un pau bigoto, se counfessavo tóuti li dissate e tóuti li dimenche anavo à la messo e coumuniavo.
Un jour, arrivo en courrènt à la glèiso, intro touto counfuso dins lou counfessiounau e dis :
" Moussu lou curat, crese que vene de faire un pecat mourtau. En recourdurant un boutoun de braieto sus de braio d’ome, m’ei vengu dins la tèsto de marrìdi pensado, tant marrido qu’ai vergougno de li dire aqui."
" N’en digues pas mai, ma fiho, à tout pecat misericòrdi, pèr que lou Bon Diéu te perdoune, diras dous pater e tres ave à l’autar de la vierge, mai pèr que iéu te perdoune, lou cop que vèn, m’apourtaras un pot de toun mèu." ( Lou vesès, aquéu capelan vivié pas coumo un ermitan e manjavo pas que de sautarello.)
Lou dissate seguènt, coumo d’abitudo, Margarido revèn à la glèiso per se counfessa e douno au capelan soun pot de mèu. Lou curat lou prènd dins li man, lou souspeso, lou trovo un pau lóugié e l’obro. De que vèi ? Lou pot èro vuejo. Se viro devers sa penitènto e ié dis :
" Hòu ! Margarido, mounte aviés la tèsto quouro l’as pres aquéu pot ? L’as pas vist que n’i’avié rèn aqui dedins, mai rèn de rèn ?"
"Oh ! si, Moussu lou curat, l’aviéu vist que n’i’avié rèn dins aquéu pot, mai dins li braio qu’aviéu recourdurado, Moussu lou curat, n’i’avié pati-pata-pas-rèn ni-mai !"
Michéu Lambert
Si celle-ci vous a plu, nous en aménerons d'autres...
Bon, je vois que vous peinez, je vais vous la narrer en gaulois.
Le pot de miel de Marguerite.
Dan la rue du Petit Pou à Saint-Remy vivait une couturière nommée Marguerite. Laquelle était un peu bigote et se confessait chaque samedi et allait à la messe tous les dimanches et communiait.
Un jour, elle arriva en courant à l’église, entra toute confuse dans le confessionnal et dit :
« Monsieur le curé, je crois que je viens de faire un pêché mortel, en recousant un bouton de braguette sur un pantalon d’homme, il m’est venu dans la tête de mauvaises pensées, si mauvaises que j’ai honte de les dire ici. »
« N’en dites pas plus, ma fille, à tout pêché miséricorde, pour que le Bon Dieu te pardonne, tu diras deux Paters et trois Ave à l’autel de la Vierge, mais pour que JE te pardonne, la prochaine fois que tu viens, tu me portera un pot de miel (comme vous le voyez, le curé ne vivait pas comme un ermite, et ne mangeait pas que des sauterelles).
Le samedi suivant, comme d’habitude, Marguerite revint à l’église pour se confesser, et donna son pot de miel à l’abbé. Le curé le prit dans ses mains, le soupesa, le trouva un peu léger et l’ouvrit. Que vit-il ? Le pot était vide. Il se tourna vers sa pénitente et lui dit :
« Hé Marguerite où avais-tu la tête quand tu as pris ce pot, tu n’as pas vu qu’il n’y avait rien dedans, rien de rien ? »
« Ho si ! Monsieur le curé, j’ai bien vu qu’il n’y avait rien dans ce pot, mais dans le pantalon que j’ai recousu Monsieur le curé, il n’y avait rien non plus, «
(pati-pata- est une expression idiomatique pratiquement intraduisible)